Comédie, réalisée par Jean-Jacques Annaud, Sa Majesté Minor est une proposition unique en son genre aussi déconcertante que sympathique. L'histoire se déroule sur une île grecque fictive, quelque part en mer Egée en des temps pré-homériques, et nous fait suivre Minor, un orphelin dépourvu du sens de la parole, vivant dans la porcherie d'un village, avec une truie qui l'a adopté lorsqu'il était enfant. Attiré par Clytia, la fille du Patriarche, il est l'objet de moqueries et de brimades de la part des villageois. Mais un événement va bouleverser sa destiné et celle du village. Ce scénario nous plonge, pendant une heure et demie, dans une intrigue totalement lunaire. L'univers nous renvoie à une époque où les mœurs étaient très différentes et spéciales. En effet, la tribu que l'on suit a sa propre culture et ses propres codes moraux, en plus d'être particulièrement portée sur la sexualité et la nudité. Toutes ces valeurs d'antan nous offrent des scènes extrêmement décalées et imprévisibles. Si le récit est plaisant à visionner dans son ensemble, on peut tout de même lui reprocher d'être un peu redondant et de perdre légèrement en intérêt sur la durée. Malgré cela, le ton très drôle et déjanté lui confère une identité propre. Cet humour est exacerbé par la galerie de personnages hauts en couleur, interprétés par une belle distribution entre José Garcia, Mélanie Bernier, Vincent Cassel, Jean-Luc Bideau, Claude Brasseur, Sergio Peris-Mencheta ou encore Rufus. Tous ces comédiens s'en donnent à cœur joie à jouer ces rôles loufoques et cela s'en ressent. Leurs allures, entre hommes préhistoriques et créatures étranges, les crédibilisent dans ce monde antique. Tous ces individus nous gratifient d'échanges amusants, décrochant pas mal de sourires, notamment grâce à des dialogues inspirés et un phrasé atypique. Sur la forme, la réalisation de Jean-Jacques Annaud s'avère bonne, sans briller pour autant. Mais sa mise en scène évolue dans un environnement à la fois naturel et fantastique franchement agréable. Ce visuel est accompagné par une très bonne b.o. signée Javier Navarrete. Ses compositions, entre airs enjoués et mélodies dramatiques, collent à merveille aux images et donnent envie d'être réécoutées bien après le générique de fin. Une fin qui s'avère correcte, venant mettre un terme à Sa Majesté Minor, qui, en conclusion, est un long-métrage déroutant, méritant d'être découvert pour son côté excentrique.