Ayant porté leur choix sur des femmes encore enceintes, Thomas Balmes et Alain Chabat ne savaient pas à quoi ressembleraient leurs "acteurs" principaux. Un casting peu commun pour des bébés envers qui il a fallu se montrer compréhensif et patient au début, aucun d'entre eux ne sachant faire grand chose les dix premiers mois, à part manger et dormir !
Craig McKay, le monteur du film (au même titre que Reynald Bertrand), a également été le monteur du Silence des agneaux de Jonathan Demme, en 1990.
Tout au long de ses huit documentaires Thomas Balmes est allé aux quatre coins de la planète (Inde, Kenya, Chine, USA, Finlande, etc...) mais n'a jamais réalisé un seul film en France. Ce dernier film présente d'ailleurs une particularité qui sied bien à ce réalisateur globe-trotter : ne contenant ni dialogue ni commentaire, il sera distribué dans la même version à travers le monde. Une première !
A Tokyo, le couple que forment Seiko et Fumito retrace la genèse de l'aventure. :"Comme c’était notre premier enfant, j’y ai vu la possibilité d’une expérience formidable et peu commune pour toute la famille", confesse la mère. Et son mari d'ajouter :"Le projet avait un sens. Pour les gens de ma génération, ça compte beaucoup d’être père. Le mien était très occupé. Il ne s’est pas beaucoup investi dans les relations familiales et l’éducation de ses enfants (...) Maintenant, notre pays est plus riche. On a plus de temps pour s’occuper de notre famille !"
Ce film est l'aboutissement d'un projet dont le tournage s'est étalé sur près de deux ans, pendant lesquels le réalisateur Thomas Balmes a cumulé 40 allers/retours en avion, plus de 400 heures de rushs filmés pour environ 400 jours de prises de vues ! Bébés est sorti dans 543 salles aux Etats-Unis.
Parmi les quatre familles choisies, le documentaire suit entre autres la progéniture de Mandakh et Purev, de Mongolie, qui nous apprennent comment ils ont fait le choix d'apparaître dans le projet : "Quand on nous a parlé du projet, je n’étais pas certain de vouloir être filmé. On nous a expliqué qu’on n’aurait pas à jouer la comédie, qu’on devrait juste continuer à vivre comme d’habitude. (...) On n’a pas eu à faire d’efforts et on n’a pas abusé de notre temps." Le père nous en apprend plus sur la relation d'intimité, essentielle à la viabilité d'une telle aventure : "On a laissé plusieurs fois l’équipe seule avec le bébé. On avait confiance. On ne pouvait pas rester tout le temps à côté de lui sous prétexte que la caméra le filmait. On était très occupés avec le bétail et les tâches ménagères.(...) C’est notre manière d’élever les enfants en Mongolie !"
L'idée de départ du film provient d'un certain Alain Chabat, qui l'a également produit. Le réalisateur Thomas Balmes a été séduit par cette "non fiction" reposant entièrement sur de l'observation.
La mère de Hattie explique comment se sont passés les premiers contacts avec le réalisateur : " En janvier 2006, un ami m’a demandé si ça m’intéressait de travailler sur un film ayant pour thème des bébés. Le hasard a aussi voulu qu’il recherche un enfant qui devait naître dans la baie de San Francisco en avril ou mai. Je lui ai répondu que le mien devait arriver à cette période ! Quelques jours plus tard, Thomas s’envolait pour San Francisco. On l’a rencontré. Ses intentions concernant le projet étant bonnes..." Pour Susie, le projet était un moyen de permettre à sa petite fille d'être en "connexion avec d'autres pays". Il s'agit d'ailleurs d'une vision à long terme pour les parents puisqu'ils aimeraient que leur fille rencontre les autres enfants à l'âge de 12/13 ans dans le cadre d'un voyage.
Le réalisateur confesse avoir passé plus de temps avec les bébés du film qu'avec ses propres enfants, au cours des deux années de tournage. Son troisième enfant est d'ailleurs né au même moment que les enfants du film et sans l'intervention de sa femme, il aurait peut être choisi de tourner "à la maison" !
Tarererua, la mère de Ponijao, nous raconte d'où lui est venue l'envie et la possibilité de faire ce projet assez fou : "J’ai accepté car je n’étais jamais allée à l’hôpital pour aucune de mes grossesses. Ça m’a permis d’être suivie par un médecin. Je suis très pauvre et je n’aurais pas eu les moyens d’en consulter un sinon. C’était très intéressant d’être filmée en même temps que d’autres femmes de différents pays". Et son mari de donner des détails sur la méthode employé par le réalisateur pour les contacter : "Avant de commencer le film, Thomas a apporté beaucoup de choses : des fleurs, des vivres. Il avait choisi ma femme parmi tant d’autres. Il était le bienvenu !"
Bébés est sorti aux Etats-Unis plus d'un mois avant sa sortie française, sous le nom de Babies.