Tourné dans la confidentialité la plus totale, sous le pseudonyme de Hervé Picart, le dernier Lelouch est le film que l'on attendait plus de son auteur. Il signe un thriller à la fois plaisant et obscur, légèrement obsolète et terriblement happant. Au delà du suspens, le cinéaste donne une lecture du cinéma et de la littérature autour du prisme de l'identité. Sans aucune connaissance de faits, on débarque un peu pantois dans l'intrigue et on attend. D'un coup, dans un élan enthousiaste et vivifiant, Lelouch nous embarque. Dès scènes initiales et sans grande cohérence, on en retient quelques informations, anodines bien que de mauvais présage. Puis, il nous entraîne dans une certaine confusion, brassant ces indications comme on mélange les cartes. L'identité, au fond, qu'est-ce que c'est ? On a entendu des choses, et alors ? Et alors, ça influe, dans notre jugement, dans notre ressenti, dans notre lecture. Voilà, en fait, un film pour les spectateurs basé sur les mêmes procédés que la littérature de gare. Ensuite, peu importe si les résolutions se révèlent grossières, le résultat est là : du plaisir et du cinoche un peu coupables, un tantinet en marge de ce qui se fait actuellement. Comme dans les romans de gare, mais c'est si bon !