Chouette, un Lelouch ! Mais oubliez Lelouch, imaginez qu’il s’agit d’un jeune réalisateur inconnu, tout le monde crierait à la révélation.
Etrange film, drôlement bien rythmé, avec des scènes formidables de spontanéité, et d’autres carrément ratées, mal post-synchronisées... On frôle parfois un côté expérimental avec une image crue, presque sale, pour ensuite basculer dans la romance ouvertement sentimentale.
Il faut dire que le film est habité par ses deux interprètes principaux, Dominique Pinon, ambigu, surprenant, inventif, inquiétant ou doux comme une peluche mélancolique et cabossée; et Audrey Dana, l’antithèse des jeunes actrices inconnues que Lelouch sort de sa manche à chaque nouveau film : celle-ci n’est pas tout à fait belle, plutôt rugueuse et déjantée, et pourtant d’un charme fou, que ce soit en midinette ou en femme meurtrie, capable d’être très classe ou très vulgaire... Sûr qu’on la reverra sur les écrans.
Côté mise en scène, c’est bien du Lelouch, mais avec quelque chose d’indéfinissable en plus, ou en moins, comme une petite brise de liberté. Il y a bien sûr un tournoiement autour d’un couple, un escalier dramatique, une caméra au ras du sol embarquée sur une voiture, mais tout cela a un petit goût de neuf, le contraire d’un déjà-vu.
Alors oui, on peut parler de renaissance parce qu’à la vision de ce dernier opus du maître tant décrié, on ressent un sentiment rare dans le cinéma français : le plaisir.