Peu commun comme film...d'un côté, on pourrait le résumer en deux lignes: le patient d'un hopital raconte un conte à une petite fille, dont les personnages possèdent des liens avec le monde réel. De l'autre, c'est réalisé avec une créativité hors norme et le film aborde des thèmes extrêmement complexes. Tarsem Singh est un génie visuel, les plans de "The Fall" sont parmi les plus beaux qu'il m'ait été donné de voir au cinéma, semblables à des tableaux de Salvador Dali. Ses images aux teintes chattoyantes sont à la fois oniriques et surréalistes, peuplées de décors extraordinaires, de personnages délicieux de bizarrerie et de paysages indescriptibes de beauté. Le film a été tourné dans vingt pays différents, et cette variété est visible à la diversité des lieux et des influences culturelles qui transparaissent à travers le film. Le spectateur assiste tantôt à la retranscription d'une anecdote de l'épopée d'Alexandre le Grand, tantôt est transporté dans des labyinthes orientaux, tantôt sur une île déserte au milieu d'une mer irréelle. à la beauté graphique de l'oeuvre s'ajoute sa splendeur sonore: l'Allegretto de Beethoven constitue un magistral thème musical qui agrémente le film du début à la fin (pour une fois que mettre de la musique classique dans un film est une bonne idée)...Le spectateur a l'impression de vivre un rêve pendant deux heures, tantôt un songe poétique et coloré, tantôt un cauchemar mystérieux, mais qui trouve son unité dans sa beauté visuelle et sonore. On pourrait en revanche regretter un manque de cohérence par moments, une certaine lenteur dans l'ensemble. On déplore également la présence d'un vrai fil conducteur. Voilà ce qui manque: une trame efficace. Pourtant, the Fall, très loin d'être une belle coquille vide, traite de différents thèmes avec brio: la manipulation, l'art, la dépression... Certaines scènes frisent le génie autant visuel que scénaristiqe, notamment lorsqu'il s'agit de jouer sur l'ambigüité entre le réel et l'imaginaire. On peut également apprécier la mise en abîme opérée par le film: n'est-on pas nous-même en train d'écouter un conte, comme Alexandra? De plus Roy et Alexandra forment un duo attachant et constituent un fil conducteur émotionnel efficace, qui remplace le fil conducteur scénaristique qui manque au film. Pas forcément un film passionnant, mais intéressant à chaque instant, fascinant même. Par moment quelque peu lent et ennuyeux, the Fall époustoufle le spectateur par ses plans oniriques (qui on de quoi rendre jaloux Christopher Nolan), par la poésie de son récit et la richesse de sa narration. Une oeuvre originale et inventive, qui rend un hommage unique à l'art et à l'imagination!