Suzanne Bier dépasse le Dogme, le fait voler en éclats (qu'on y soit adepte ou non) afin de mieux le réinventer. Le résultat est à la fois fascinant de maîtrise et époustouflant de par sa fulgurante portée humaniste : à la fois drame familial intimiste d'une puissance inégalée cette année,et hommage à la tradition hollywoodienne,son film dégage une puissance trouble et efficace.
La cinéaste aime ses personnages, mais surtout nous les fait aimer, tout simplement parcequ'elle renverse toute frontière manichéenne entre le Bien et le Mal.Comment donc parler de Mads Mikkelsen, la véritable révélation de ce début d'année, dans un rôle moins ingrat et moins monolithique que celui de Casino Royal.Il allie à la fois l'aspect brut de sa "présence" cinématographique et une certaine nostalgie,l'amenant très souvent à être "borderline".
Ce qui aurait pû devenir un "bon petit melo formaté" est sublimé par la réalisation, très "Dogmatique",de Suzanne Bier,la cinéaste suivant de manière charnelle ses personnages, caméra à l'épaule,captant ainsi(que ce soit sur des lèvres encore mouillées par le ving ou les larmes ou une peau "frissonante" de plaisir)tout ces petits moments qui ponctuent une vie, faite de hauts et de bas, d'actes libérateurs et de refoulements, de cruauté et de bienveillance, que ce soit dans sa terre-mère comme à l'étranger. En celà, After The Wedding, au titre évocateur(celui où le mari et la femme se rejoignent afin de former une force unique en son genre, une force vitale, celle de l'union du Yin et du Yang)est un puissant cri à la vie : ne pas tout garder pour soi, sachant qu'un jour "le croque-mort nous emportera" et surtout comment révéler son amour, ce mot qui écorche depuis des siècles nos bouches(que ce soit l'amour parental comme l'amour fusionnel)d'humains ! Ode à la vie, à l'amour, afin de mieux "préparer" la mort, mais aussi éloge de l'état de régression dont est capable son "chez-soi"(son pays, comme sa femme), voie de la survivance éternelle.