Il n'y a pas longtemps de cela, le cinéma français s'est découvert un nouveau genre, ou du moins un ancien genre remis au goût du jour : la comédie douce-amère (mais surtout douce) sur les déboires de deux personnages que tout oppose (y compris le sexe, sinon l'alchimie n'est pas d'un charme consensuel), autour d'un imbroglio plus ou moins crédible. Il y a deux ans, "Quatre étoiles", de Christian Vincent, ravissait les pupilles et nous enchantait avec une grave légèreté. Quelques mois plus tard sortait "Hors de prix", le dernier Salvadori, dans lequel Audrey Tautou charmait un Gad Elmaleh fou amoureux : la même ambiance, champagne, richesse, soleil, amour. En moins bien. Et là, complètement à l'Ouest, avec un reste de sa si trépidante carrière, Tonie Marshall nous livre un tour de "Passe-passe" dont on se demande encore où réside la magie. Sur un scénario plat, dénué de rebondissements, la mise en scène joue de champs-contrechamps tout à fait insipides, immobilisant le film dans une série de photos mal éclairées et lentes. Aucun sens du rythme ne vient donc booster ce triste récit d'une rencontre improbable, faisant dérailler deux personnages un brin paumés. Edouard Baer n'embrasse pas Nathalie Baye (elle lui préfère un coréen qui chante Frank Sinatra, car il y a du Frank Sinatra dans le dernier film de Marshall, et heureusement qu'il est là), la fin est décevante, pour ne pas dire qu'il ne s'agit même pas d'une fin, et du coup, rien n'est crédible, car cette rencontre ne laisse derrière elle aucun message, aucun clin-d'oeil. Avec la finesse d'un éléphant (on pense beaucoup à Horton), la réalisatrice continue son histoire jusqu'au bout, traversant Paris, Locarno, une maison de retraîte, sans aucun esprit des lieux ; c'est tout juste si l'on sait où les personnages sont, où leur demi-présence évolue. Mais rapidement, on commence à s'en contrecarrer, et finalement, de cette fuite sans charme enchaînant des situations aussi soporifiques que tirées par les cheveux, ress