Les cinq premières minutes rappellent, vulgairement, le genre de reportage télévisé alarmant, basé sur un sujet de société et retransmis à la télé sur une mauvaise chaîne : juke-box musical, montage speedé, artificialité des liens entre chaque révélation, débit de dialogues parfois anecdotiques, simplicité de la mise en parallèle de deux protagonistes (un trafiquant, un passeur), irrégularité formelle, agression visuelle, interêt dilué par un temps de parole d'une moyenne de cinq secondes par tête... "Cocaïne Cowboys" commence très mal, vantant ironiquement les bienfaits du soleil de Floride sur un fond sonore vacancier tout droit sorti du Club Med. Pourtant, rapidement le récit se met en place et, sur une durée approximative de deux heures, Billy Corben parvient à retraduire les nombreuses facettes du drame de la drogue qui, dans les années 70, est devenu un substitut mondial. Capitale du trafic, Miami deviendra à l'époque, à la suite d'un évènement sanglant, la ville la plus dangereuse du monde avec Medellin (d'où est importé le cocaïne). Les trafiquants et tueurs à gages se mettront à fusiller n'importe qui et n'importe quoi, dans la rue, sans distinction, femmes, enfants, nourissons, la police retrouvant une moyenne de deux corps troués par les balles chaque semaine, en plein milieu des routes, des trottoirs, sur les bordures. Le fléau de la drogue qui, au départ, ne fait de victimes que ceux qui la consomment, va vite se muer en une guerre sans merci entre les gros bonnets et la construction, petit à petit, des mafias. Corben n'oublie ni de jeter un oeil sur les influences politiques d'un tel ravage, ni de citer les mesures d'ordre mises en places pour stopper cette maladie contagieuse faisant de plus en plus de morts. Corruption (on ne peut que rire quand l'un des trafiquants interviewés avoue avoir débarqué sa marchandise par bateau juste derrière un commissariat), contrats, cavales, fusillades publiques, "Cocaïne Cowboys" prend le temps de montrer les multip