L’internaute cinéphile MattBD a raison dans son commentaire : ce n’est pas le scénario du siècle car l’histoire est du déjà-vu et somme toute assez classique, mais quand James Wan ("Saw", "Conjuring"…) est à la baguette, ça mérite quand même qu’on y jette un petit coup d’œil. Malgré une certaine prévisibilité due au pitch et au titre, il signe un film plutôt solide, avec certes le concours des acteurs, tous impeccables. Pourtant, concrètement le début ne laisse en rien présager de ce qu’il va arriver. Une famille bien sous tous rapports nous est présentée. Une famille lambda : un couple marié, parents de deux garçons. Une famille unie, et infiniment heureuse depuis qu’elle existe. Et nous pouvons nous en rendre compte par cette belle collection de vidéos de type amateur en intro. Tout n’est pas rose pour autant, puisqu’on y décèle quelques petits problèmes de communication, notamment avec un des deux adolescents, mais rien d’insurmontable. Et puis par un coup de baguette magique, par une mise en scène soignée qui a vite fait d’angoisser le spectateur, James Wan fait tout basculer par l’apparition de ces véhicules qui roulent tous feux éteints. La suite ? Il vous faudra la regarder. Car le véritable intérêt commence ici. Comment va se terminer cette petite virée alors que l’avenir semblait s’annoncer sous les meilleurs auspices à peine quelques secondes plus tôt ? Ça… Nous en sommes donc là. Outre l’histoire, l’intérêt premier est de voir Kevin Bacon se transformer du tout au tout. Encore une fois, il livre une prestation à la mesure de son talent. L’autre intérêt réside dans le maniement de la caméra de James Wan. Je ne sais pas vous mais moi je le trouve magique ce mec. Pourquoi ? Parce qu’il nous gratifie d’un plan-séquence monstrueux à l’occasion de la scène du parking. Il a une faculté à changer d’étage pour traverser le parking de long en large qui est absolument hallucinante. Là oui, c’est du grand art. Les cadrages, la lumière (très lumineuse quand tout va bien, avant qu’elle ne bascule dans la noirceur), tout est maîtrisé de A à Z. Et il réussit même à nous surprendre lors de la scène violente dans la maison familiale car on pense que la poursuite va se poursuivre à l’extérieur et alimenter tout le reste du film. Eh bien ce n’est pas tout à fait ça. Pire, on va être estomaqués car on s’attend à ce qu’on a l’habitude de voir. Sauf que. La musique, très immersive, participe à garder le spectateur en haleine. D’autant plus que Garrett Hedlund est très inquiétant en Billy Darly tant on sent que son personnage n’a aucune limite. D’ailleurs on en aura la confirmation. Il EST no limit. Et puis l’autre intérêt réside dans la réflexion qui nous est proposée : les conséquences quand on décide de se faire justice soi-même, à savoir les répercussions sur sa vie de famille, sa vie professionnelle, sa propre personnalité. Des questions clairement posées à travers des répliques qui ont l’air de rien et qui pourtant sont lourdes de sens : « mais qu’est-ce que tu fais ? », « regarde ce que j’ai fait de toi ». Un film pas si innocent que ça en fin de compte, même en mettant de côté ce que certains ont vu, c’est-à-dire une amère critique envers le système, et plus précisément les forces de l’ordre et la justice alors que selon moi, le propos n’était pas tout à fait là.