Les Femmes du mont Ararat a reçu le Grand Prix du Festival du film de montagne d'Autrans en 2007.
Zilan, 20 ans, vient d'Allemagne. Son nom de guerre est celui d'une femme kamikaze qui a fait exploser sa ceinture de TNT au milieu d'un défilé de soldats turcs. Elle est une fanatique étrange, naïve, une jeune fille pas tout à fait femme, qui passe son temps à écrire des poèmes et dont les mots favoris sont "happiness" et "love".
Sorxwin, 23 ans, est originaire de Belfort. Elle a quitté le lycée à seize ans et a débarqué dans la guérilla en plein conflit fratricide avec les Kurdes irakiens. Son histoire est celle d'une fille d'immigrés, originaire des banlieues françaises, qui, un jour, a disparu.
Elif, 36 ans est la plus âgée. Elle a passé dix ans dans les prisons turques. Entrée dans la guérilla à l'âge de quatorze ans, elle est une mémoire vivante pour ces femmes chez qui les trentenaires sont rares, beaucoup ayant été décimées dans les années 90. Elif commande le peloton.
Le réalisateur évoque ce qui l'a poussé à se rendre à la frontière de La Turquie, de L'Iran et de l'Irak en 2003 pour filmer ces femmes : "Paradoxalement, on ne parle que très peu de ces femmes. Il est vrai que l'image de la femme martyre sous sa burka ou son tchador ou déchirée par la mort de son enfant est plus commode, plus simple que celle d'une femme qui donne la mort.
Quand on se mêle d'évoquer les Kurdes, on se rend vite compte que l'on est très seul. Et surtout quand il s'agit de Kurdes de Turquie, leur guerre ayant été totalement passée sous silence par les médias. En cas de conflits, l'essentiel des images que nous avons sont celles, muettes, de CNN et autre chaînes spécialisées dans l'information "live" Comme si l'homme derrière la caméra ne devait pas s'engager, prendre position. Comme si le seul fait de filmer l'horreur suffisait à se racheter. Un peu aussi comme si on avait peur de se faire avoir, de délivrer une propagande facile et à bon prix.
A quoi bon filmer les tanks, les visages pleins de détresse, les ruines des villes abattues, si l'on ne sait pas ce qui habite le coeur de ces hommes et de ces femmes prêts à tout pour une idée, à quoi bon filmer tout cela si on ne partage pas leur sort, l'espace d'un tournage, si on ne s'engage pas ?
J'ai décidé de donner la parole à ces femmes, traquant leur humanité derrière leurs kalachnikovs et leurs treillis. J'ai filmé dans l'urgence et en profondeur, en vivant aux côtés de ceux qui luttent."