Niels Arestrup, grande gueule du cinéma français, se lance à la réalisation. Il aurait malheureusement pas du dépasser la fonction d'acteur, qu'il assurait avec talent. Car c'est un mauvais filmeur. Seuls les scènes avec son candidat sont posés, le reste est filmé avec une steady-cam (c'est ça de travailler avec Jacques Audiard, sauf qu'ici ça ne fonctionne pas). Les mouvements de caméra sont trop soulignés. Il se contente du minimum, de peur d'être trop démonstratif, ce qui rend les quelques rebondissements illisbles. La manipulation est évidente, ce qui dénue le film de suspens. Il préfère, à son tord, cerner la psychologie du personnage principal plutôt que la situation elle-même, surtout qu'il sort le sujet de son réel contexte, sans lui donner de pays par exemple, ce qui adoucit l'impact politique (surtout qu'il ne prend aucune position quant aux idées du candidat). On peut sauver ici et là quelques plans, comme la première apparition d'Yvan Attal, qui gâche une occasion en or d'affirmer son talent, bizarrement trop en retrait. Et il déçoit aussi en tant qu'acteur. Où est passé cette splendeur qui crevait l'écran dans "De battre..."? Le rôle du chef de parti lui convenait parfaitement, mais il est paradoxalement pas assez vif. Le casting pouvait sembler intelligent, il est en réalité trop neutre pour convaincre, surtout que la majorité des personnages sont des clichés qu'on nous ressort encore et encore, d'autant plus que les dialogues sonnent faux, ce qui fait perdre toute crédibilité à l'histoire. Au final, c'est un faux huis clos sans rythme. C'est dommage, car il avait de quoi faire un bon film qui faisait froid dans le dos. Le seul interêt de cette pseudo-dénonciation est d'être sortie en période électorale. Pour la prochaine fois, Niels.