Le critique doit aider le spectateur à ne pas se faire manipuler. Face à un film manipulateur, plus que face à nimporte quel autre média, le spectateur est piégé. Pas sûr que le critique remplisse toujours parfaitement son rôle.
Voila un film qui nous raconte justement lhistoire dune manipulation, Jésus Camp. La manipulation denfants innocents, en plus ! Oui, nous sommes révoltés en voyant ces marmots trop jolis, trop blonds, trop wasps en un mot, brandir dans leurs petits poings un ftus en plastoc rose ! En les voyant conduits par des adultes irresponsables au bord du délire hystérique. En les voyant pâmés devant la réplique en carton grandeur nature du sinistre Busher de lIrak. Et nous sommes enragés quand on leur apprend, cerise sur le gâteau... le créationnisme. Pourtant, il y a une gêne, comme après un film de Michaël Moore voire celui de Al Gore-, on a la sensation davoir été un peu manipulés. Parce quon nous dit des vérités
. partielles. Les évangéliques représentent 25 % de la population US mais là dedans quelle proportion de « born again » fanatiques ? Parmi les évangéliques, il y a aussi beaucoup de Noirs du Sud, plutôt démocrates, et pratiquant une religion aussi démonstrative mais bien moins terrifiante. Pourquoi faire lamalgame ? Pour faire plus peur ?
Et puis, les camps ne sont pas le bagne. Les enfants sont joyeux, les petites filles portent des tenues
voyantes et jouent avec des Barbies. Garçons et filles sont mêlés, ils sont normalement instruits. Devenus ados, ils auront tout loisir de devenir de bons anticléricaux comme tous ceux qui sont passés par des collèges jésuites
et de comprendre par eux même que le créationnisme est une imbécillité monumentale. Bref, le film apporte de leau, involontairement sans doute, à cette pensée qui tend à mettre sur le même plan léducation pentecôtiste et léducation islamiste. Eh bien, non, ce nest pas exact. De lune, on peut sortir....