Sans doute influencé par le visionnage du dernier Terry Gilliam, je me disais que Honor de cavalleria ferait un bon titre pour une adaptation de Don Quichotte... Mais c'était avant de savoir que c'était réellement ce que proposait Albert Serra.
Alors on s'en doute si on connaît un peu le bonhomme, mais on ne va pas avoir là de scène spectaculaire avec un fou qui attaque des moulins, puisque le cinéma de Serra est pour le moins intimiste (et pour cela le film est peut-être l'exact opposé de la version de Gilliam qui gesticulait tout le temps, tandis que celle de Serra est d'une sobriété à toute épreuve). Cependant je dirai que c'est assez éloigné des deux autres films que j'ai pu voir de lui, à savoir Le chant des oiseaux et La mort de Louis XIV. C'était deux films eux aussi très lents, traitant de grandes figures mythologiques (ou quasiment), mais la mise en scène avait une certaine splendeur, une beauté plastique qui est là bien moindre. Alors certes, Honor de cavallieria n'est pas laid, mais il est beaucoup moins pictural, beaucoup moins esthétisé, notamment que Le chant des oiseaux qui avec son noir et blanc impressionnant de maîtrise et de grandeur. Ici tout semble plus fugace, plus fou... Alors ça tombe bien vu que l'on suit Don Quichotte et son fidèle Sancho, mais j'avoue que la plupart des plans manquant en majesté, je ne me suis pas réellement retrouvé dans cette proposition de cinéma.
Disons que je vois ce que voulait faire Serra avec cette épopée minimaliste, notamment faire en sorte que le spectateur apporte ses propres réponses à ses propres questions qu'il peut se poser sur le film, sur ce qui est filmé... Mais chez moi ça n'a pas pris, j'ai vu qu'un gros et un vieux marcher dans l'herbe.
Alors oui, il y a des plans de toute beauté, ceux qui sont fixes, notamment un où l'on voit en direct la Lune se lever derrière les arbres (je ne vous dis pas la durée du plan pour que ça soit perceptible), mais la plupart sont trop fouillis pour réellement évoquer quelque chose de profond comme ça pouvait être le cas dans les autres films que j'ai vu de lui. Il y a donc une forme certaine de déception en voyant Honor de cavalleria puisqu'à défaut de trouver ça profond ou magnifique, j'ai trouvé ça un peu long, surtout vers la fin.
La lenteur pour la lenteur et sans fond j'avoue que ça m'a lassé. Surtout que tout n'est pas très compréhensible dans le peu d'événements qui arrivent. Les deux sont séparés pendant plusieurs minutes de films, ça semble être important, puis les deux se retrouvent, comme ça, l'air de rien... Disons que c'est frustrant et pour toutes ces raisons je ne suis pas rentré dans le film, ceci dit sans toutefois le détester... ça ne m'empêchera pas de voir d'autres Serra.