Si jamais Dorothy Dandridge est tombée complètement dans l’oubli, c’est pas la faute du film, qui redonne au biopic sa valeur ajoutée, montrer un personnage ayant réellement existé, vécu, sans juger, ni préjugés post-mortem. La réalisation est un peu cheap, (peu de moyens), mais ça ne gêne nullement, au contraire, ça rend encore plus forte la direction d’acteurs impeccable, et lumineuse la prestation d’Halle Berry, dans un rôle prémonitoire. La star se glisse dans le corps de l’icône comme dans un gant, j’espère qu’elle ne finira pas comme son modèle, c’est tout ce que je lui souhaite. La personnalité complexe de l’actrice-chanteuse, ne lui fait pas peur. Sous les paillettes on sent suinter la ségrégation raciale alentour, dans toute son horreur et sa bêtise, et ça peut faire écarquiller les yeux de stupeur, genre: c’est pas vrai!! Mais si c’est vrai. Cela sert à ça aussi un biopic, c’est pas que pour faire genre, ça sert à retrouver la mémoire, c’est pas si loin les années 50. Le récit est sans coups de théâtres seulement des coups du sort, mais sa vie est assez mouvementée pour tenir en haleine n’importe qui, la miss. Son évolution dans les hautes sphères du spectacle, et elle montre très haut, est dense et pittoresque, jusqu’à la dégringolade, la vie c'est un dangereux parcours d’équilibriste. J’aime cette terrible lucidité américaine, quand ils prennent la peine de regarder le passé, le miroir est difforme et montre toutes les tares et ouvre les placards fermés à double tour, et on apprend. Ainsi j’ai appris qu’une actrice qui prétend à un oscar, ne peut pas jouer le rôle d’une esclave, (ah bon?),ou bien qu’une piscine c’est pas bon pour les nègres, instructif.