35 Rhums, le dernier film de Claire Denis, se présente comme une promenade ferroviaire un peu trop appuyée. Trop de trains de banlieue, et une fascination lancinante, de jour, de nuit, qu'il pleuve ou qu'il vente, pour le fameux convoi à étages qui dessert l'Île de France en coupant les barres d'immeubles au ras des fenêtres. Normal, la réalisatrice a voulu filmer avec les agents de la SNCF et ils se sont tellement pris au jeu qu'elle a un peu abusé des trains sous tous les angles. L'hommage à Ingrid Caven, l'égérie de Fassbinder, est plaqué sur l'histoire de façon totalement artificielle, comme le jeu maladroit de l'actrice, sans doute émouvant pour les aficionados mais presque gênant pour les ignares. Ensuite ? Et bien le film est lent, mais j'ai aimé ce rythme paisible et d'une grande douceur, comme la tendresse du père pour sa fille, comme la musique réunionnaise qui scande les scènes. Enfin ??? Mais oui, j'ai aimé, c'est pudique, maîtrisé, très humain et raisonnablement sensuel. Le récit est mince, presque ténu mais c'est à ce fil que tient la qualité de l'émotion. J'ai adoré la fin, la dernière image, attendue certes mais oubliée entre temps. J'ai détesté le bellâtre qui joue Noe, nul de chez nul, outrageusement peu crédible, cynique et mal dans ses baskets. L'héroïne est tellement lumineuse, Alex Descas tellement profond, presque charismatique, que cet affreux fait tâche et qu'on lui en veut de venir gâcher cette harmonie discrète et modeste. Mais c'est sans doute volontaire, on le bafferait !