Petite perle du genre, 2h37 me paraissait avant visionnage comme un film à faible coût de production, simple plagia de Elephant. En vérité, bien que le film soit très inspiré de l’œuvre de Gus Van Sant (qui est d'ailleurs crédité dans les remerciements du générique de 2h37), il parvient à conserver sa propre ambiance et ses propres traits de caractères. Grâce à un excellent jeu d'acteur que l'on n'attend pas vraiment dans un film pareil, les personnages restent du début à la fin très charismatiques, et l'on s'immerge sans problème dans chaque petite histoire. Car en effet, 2h37 est un mélange de plusieurs histoires, dont les personnages s'entrecroisent. On assiste parfois à la même scène, mais vue d'un plan différent, et souvent avec des informations supplémentaires sur certains personnages qui nous ont été révélées entre temps, ce qui révèle l'ingéniosité de la mise en scène. L'autre élément accrocheur de 2h37 demeure dans son synopsis: le film débute par la découverte d'une personne s'étant suicidée dans les toilettes du lycée, mais sans que nous ne puissions voir son visage. Qui est cette personne? Au départ, la réponse nous parait évidente car en voyant le personnage de Melody presque en larmes dans sa chambre, on est sûr de connaitre la finalité du scénario. Mais à chaque fois que l'on rencontre un nouveau personnage, on se dit "en fait, pourquoi pas lui...". Chaque élève du lycée qui nous est présenté a ses propres problèmes, la plupart dépriment ou sont à cran, si bien que l'on n'arrive pas à savoir lequel d'entre eux finira par craquer. Au final, la scène du suicide, bien qu'assez surprenante, reste cependant trop longue. On ne s'ennuie pas, mais la tension baisse rapidement. Dommage pour ce qui est censé être la grande tragédie de l’œuvre. Mis à part cela, 2h37 dispose d'une ambiance suffisamment particulière et évolutive pour pouvoir le conseiller. La musique, certes faible, rend tout de même l'atmosphère relativement pesante quand il le faut. L'utilisation maitrisée des plan-séquences, et les petites interviews des protagonistes en noir et blanc qui entrecoupent le film retiennent notre attention, et c'est principalement ce que l'on retiendra de 2h37: sa mise en scène. Au final, quand les interviews prennent véritablement tout leur sens et que l'on apprend que le scénario n'est en fait qu'une adaptation d'un fait réel qu'a vécu le réalisateur, on reste presque bouche bée. Au fond, quoiqu'on dise de la morale de 2h37, elle reste vraie: ce ne sont pas ceux qui subissent le plus qui souffrent le plus. Au delà du film, c'est une véritable mise en garde que le réalisateur adresse à ses spectateurs. Une mise en garde tellement bien présentée qu'on ne peut que la retenir.