Une vision très disparate du film de monstre en version coréenne, bourrée de bonnes idées, de plans magnifiques, mais film hautement laborieux et grandement foutraque. L’éclatante lumière qui illumine le cinéma coréen, dans le domaine de thriller, Old Boy, The Chaser, The Murderer ou encore J’ai rencontré le Diable, n’éclaire pas ici un cinéaste qui aura maintenant su s’exporter, malgré tout. L’on ne discerne que très évasivement ses sous-entendus, ne tentant même plus de percer à jour l’implication occidentale dans son récit, l’Amérique étant le diable de l’ouest assis sur une planète qu’elle ne peut contrôler. Il en va de même pour l’esprit de famille que Bong Joon-ho tente de faire valoir alors qu’une créature né d’eau de pluie, d’égouts et de formol , complètement alourdi par la niaiserie de certains personnages, acteur surjoueur de premier choix ou éternel tire la grimace, beuglard et sourd au bon sens.
Bref, si l’on ne comprend pas franchement l’intérêt intrinsèque de la scène d’introduction, drôlement louche et immature, l’on accepte finalement qu’un monstre est né dans les eaux du Han, Corée du sud, soit à Séoul, sauf erreur. Dès les premières dix minutes du film, le monstre entre en contact avec la population, dans les cris, le sang et la panique. La bestiole entre surtout en contact avec la famille Park, la gamine, le grand père foldingue, la sœur tireuse à l’arc de son état, le frère orgueilleux et le père dérangé. La famille vend de la bouffe grasse et repoussante au bord de fleuve et dès la venue de l’animal mystérieux, devient la cible des autorités militaires, autorités sous tutelle américaine qui rependent la psychose d’un virus en vue de tenir la population par les noix, concrètement, par leurs peurs à tous. Là encore, l’on admet que l’idée puisse être développée plus avant, en attente d’un déclencheur concret d’intérêt de spectateur dans tout ça.
Celui-ci ne viendra pas, faute d’un scénario brouillon qui tente de mêler film catastrophe, film d’horreur, thriller et comédie, dans un remue-ménage qui envoie dans le décor, sans détour. Je ne m’étonne cependant pas de la quantité de critiques positives à l’égard de The Host, cinéma exotique, ambiance anti-américaine, acteurs déjantés. Pour ma part, un film malade de ne savoir quoi raconter de concret, bourré de sous-entendus politiques, sociaux et culturels. Coté effets visuels, la pilule est digeste, sachant bien entendu que The Host n’est pas une superproduction. En tous les cas, la haute définition ne rend pas hommage, ou très peu, à des effets spéciaux, pourtant hollywoodiens.
Comme mentionné plus haut, comme lot de consolation, l’on se rabattra sur une superbe photographie, quelques dialogues amusants et des décors urbains de toute beauté. Il y aussi la musique, déjantée, en décalage avec le film. Bref, si je n’ai sincèrement que très peu apprécié le film, reste qu’un bon nombre de bons points sont marqués par un cinéaste que je me réjouis quand même, allez savoir pourquoi, dans son prochain Snowpiercer. Pour les amateurs assidus de cinéma asiatique, beaucoup plus expressif que le nôtre, beaucoup plus ouvert à la démesure, plus cool et moins stéréotypé, c’est déjà ça. 08/20