L'histoire d'une grosse bébête aquatique qui va manger des coréens pendant une heure trente. D'habitude, dans les films coréens, ce sont les acteurs qui mangent toutes sortes de bestioles sorties de l'eau, ce n'est là que justice.
Dans la catégorie anti-américanisme primaire, voici un réalisateur qui décroche la palme, et la bonne, l'épineuse. Enfin, les artistes coréens oublient leurs problèmes existentiels de jeunes bobos, et redécouvrent leur passé, comme les japonais ne cessent de le faire avec les évocations de l'attaque nucléaire, « Akira » et « Metropolis » en tête. Puisqu'après tout Enola Gay était déjà le prémisse de la guerre en Irak avec les tests d'armes trempées dans l'uranium, tester au mépris de toute humanité les derniers bijoux technologiques d'une industrie meurtrière au mépris des droits territoriaux, sauf ceux des cowboys. Vous imaginez avec un commentaire pareil, comment je suis heureux de la quasi faillite de General Motors pendant que Toyota est confortablement installé à la place de premier constructeur mondial, nul doute que Hyundai, le constructeur coréen y arrivera un jour. Pour qu'enfin les States deviennent un pays comme un autre, soumis à la même concurrence saine, basée sur l'excellence, et non sur les jeux de pouvoir et de force armée.
Nous sommes donc en présence d'un faux film d'horreur sans doute mal vendu comme tel, le rythme est trop lent, les personnages trop humains sinon loosers-nés, tandis que l'intrigue est bien trop grise pour plaire au tout venant.
Au contraire, l'histoire nous donne un aperçu des vrais laissés pour compte de la crise économique, culturelle et sociale de la Corée du Sud, malgré son niveau industriel, les dégâts encore perceptibles de la présence américaine sur leur territoire, sans aucune peur de déplaire au grand frère envahissant. On a aussi droit à l'émergence d'une prise de conscience de la jeunesse sur le futur pas si radieux de leur pays ou de la planète, comme au Japon en son temps. Face à ce choix narratif multi-angle, évidemment, tout flotte un peu, le rythme est lent, mais l'humour au deuxième degré fonctionne bien, même et peut-être surtout dans les scènes difficiles.
Les acteurs, comme souvent dans les films de ce réalisateur talentueux sont carrément laids, et d'autant plus émouvants, par contre la petite fille est formidable. Surtout quand on voit ce que le script lui fait subir !
De toute façon, le scénario donne quelques très bons moments de folie, de réflexion subversive, d'humour au deuxième degré, et j'en passe.
Au niveau effets spéciaux, c'est bien dommage, tout est nickel... sauf la scène de la fin quand les flammes sont très mal rendues, mais la Corée du Sud est encore en stage d'apprentissage du cinéma d'action ultra moderne. C'est très correct, surtout face aux mauvaises séries B amerloques ou aux navets français.
Un film qui cache son sujet, c'est inutile pour les spectateurs venus à une séance d'horreur simpliste, c'est enthousiasmant pour les cinéphiles alter-mondialistes dans le sens culturel du terme. C'est un bon film pour les autres.