The Host est à la hauteur de son titre : mystérieux et insaisissable. Qui est l' hôte dont parle le titre ? Il y a le monstre qui, engendré par un virus, porte des poissons par dessus la peau, mais cela pourrait être la ville qui tente de résister à ce monstre, et cela pourait encore être l'Amérique, présente militairement en Corée. On voit déjà toute la particularité de ce film singulier, multipliant les couches de lecture, et cherchant constamment à surprendre. En fait, le sens de Host donne l'impression que son sens va advenir pour ensuite s'en écarter avec un malin plaisir. Le spectateur se retrouvera tour à tour en train de rire, de s'émouvoir ou de s'angoisser avec un équilibre assez impressionnant. Bong-Jong Hoo maitrise les différents registres avec régal. Son scénario ouvre des pistes intéressantes sur la monstruosité, la famille, la politique, l'écologie, voire la métaphysique, et chaque spectateur pourra donc creuser la piste qui l'intéresse selon son ressenti. J'ai particulièrement apprécié l'écriture des personnages, dont on sent que le cinéaste les affectionne vraiment. Il s'agit d'une famille de loosers, de marginaux laissés pour compte dans la société coréenne, et qui vivra une épreuve de communication à travers son odyssée contre le monstre. Le monstre, d'ailleurs, est peut être l'une des seules peotites déceptions dans son rendu visuel parfois illisible. Mais qu'importe, finalement, puisque la famille coréenne est plus importante que le monstre. Ceci est évidemment amené avec beaucoup d'humour, dans une atmosphère pas tellement éloignée de l'absurde. Des loosers magnifiques, qui ont aussi leur part de bonté, dans leur courage insensé pour se protéger les uns les autres. Tiens, voilà encore une clé de lecture pour le titre : le devoir d'hospitalité par rapport à un plus petit, un plus innocent que soi (père fils, père fille, frère soeur, mais aussi entre les deux enfants kidnappés). Au final, les différents thèmes se répondent et on se dit que rien n'a été laissé au hasard. Et pourtant, chaque séquence arrivait comme une surprise. Cela est probablement le signe d'un film qui, mystérieux et insaisissable, n'en est pas moins monstrueusement réussi!