JCVD
Un film de Mabrouk el Mechri
Aux grincheux qui se contenteront de faire un parallèle douteux (et facile) entre JCVD et le splendide Dans La Peau de John Malkovich de Spike Jonze, il sera facile de rétorquer qu’ils ont dû se tromper de film.
Tout d’abord parce que ce rapprochement, suspect, aura pour but de dévaloriser le long-métrage de Mabrouk El Mechri. Ensuite, parce que l’ambition de ce dernier n’est pas de créer une mise en abyme aussi inventive que celle orchestrée par Spike Jonze, mais de donner à son interprète principal la chance de revenir sur son passé, et de prouver qu’il vaut mieux que ce que l’on savait de lui. Une opportunité que Jean-Claude Van Damme, le JCVD du titre, va prendre soin à ne pas gâcher, la saisissant à bras-le-corps lors de séquences plus ou moins mémorables. Avec toujours le souci premier d’exprimer la plus grande sincérité, et d’éviter toute complaisance.
Jean-Claude Van Damme joue ici un rôle qu’il connaît bien, très bien, le sien. En pleine procédure de divorce, il lutte pour conserver la garde de sa fille devant la Cour de Californie. Parallèlement, ses projets professionnels battent de l’aile, ses agents ne lui dégottant que d’obscurs rôles à dominante physique dans des action movies essentiellement destinés au marché de la vidéo. Des participations qui l’éloignent toujours un peu plus du chemin des grands studios, qu’il se languit d’approcher à nouveau. Cerise sur le gâteau, les services du fisc ne sont pas loin derrière. C’est ce contexte général, plus que morose, qui le pousse soudainement à tout plaquer, pour aller chercher le calme dans son pays d’origine, la Belgique. Il n’aspire qu’à la paix, mais devra faire face à quelques imprévus en chemin.
Alors qu’il se rend dans un guichet de La Poste, il se trouve mêlé à une prise d’otage sur le point de mal tourner. La star se trouve au mauvais endroit au mauvais moment, et est bien vite soupçonnée par les forces de police d’avoir participé à la préparation du casse…
Après une ouverture sur un générique qui concentre tout ce que Jean-Claude Van Damme a pu représenter au cinéma à une époque –un homme souvent seul contre tous, avec la violence pour unique mode d’expression- le spectateur réintègre le monde réel, celui de tous les jours, dans lequel l’acteur se bat pour la garde sa fille. La violence des mots y est tout aussi dévastatrice.
JCVD est un film entier, et le fait que le metteur en scène ait avoué avoir exposé deux posters du karatéka belge dans sa chambre à son adolescence ne devrait pas suffire à faire de lui un sujet de moquerie, encore moins suciter une gentille condescendance. Les intentions de Mabrouk el Mechri sont claires, il a souhaité réhabiliter d’une certaine manière son idôle de jeunesse, les clin d’œil sont là pour appuyer son propos. Sa mise en scène recèle de petites trouvailles, qui donnent à Jean-Claude Van Damme l’occasion de se re-passer quelques moments-clé de son existence, et de tenter de faire le point. Au vu du long monologue de la fin, intéressant, son but aura été atteint. Le comédien s’y confie, évoque sa vie, ses origines, le respect enseigné au karaté, pour ensuite aborder les méandres de la célébrité, la quête de l’Amour et la plongée dans la drogue. Un regard sans pudeur, qui ravira les amateurs du comédien, et qui étonnera –en bien- certainement les autres, pour peu qu’ils se donnent la peine de faire le déplacement.