Wooow !! Voilà le mot qui me vient à l’esprit. "JCVD", acronyme de Jean-Claude Van Damme, met en avant un comédien à l’étiquette de star de pacotille, notamment connu pour ses aptitudes à distribuer des baffes à tout va. Au moment du tournage, l’acteur belge avait 47 ans, le visage buriné par la fatigue due à la succession des tournages de seconde zone (nous avons droit à plein de références cinématographiques), buriné par les soucis personnels que lui apporte le procès dans lequel il est engagé pour la garde de sa fille. Je ne sais pas trop ce qu’il nous a fait là : la crise de la quarantaine ou de la cinquantaine ? Quelle que soit la quelle, par l’intermédiaire d’un réalisateur fan de l’homme, il expose au monde entier dans la peau d’un anti-héros qu’il est à un tournant de sa vie. Un tournant accompagné de son lot de questions qu’on connait tous dès lors qu’on arrive à l’âge de 40/50 ans. Cela donne un film totalement atypique, qui en aura surpris plus d’un, à commencer par moi. Je considère pourtant que c’est un de ses meilleurs films, voire le meilleur de tous. Pour en avoir beaucoup entendu parler, j’étais plutôt sceptique, surtout connaissant ses monologues délirants aux airs de philosophie très personnelle, si personnelle que seul Van Damme semblait pouvoir la comprendre en dépit de son argumentation. Pour mettre en scène le moment de réflexion qui vise à se demander ce qu’on a fait de sa vie, pourquoi elle a été menée ainsi et POUR quoi, le choix s’est porté sur le cambriolage d’un bureau de poste, avec prise d’otages. Selon moi, l’option choisie est bonne, et la succession d’allers-retours entre le présent et le passé est bien maîtrisée, d’autant plus que nous avons en prime des mêmes scènes filmées sous plusieurs angles. Mais ce n’est pas tout. L’autre vraie bonne idée de ce long métrage est d’avoir opté pour une image aux tons pastels, à la limite de la couleur sépia, une image en prime légèrement floutée, notamment en arrière-plan, comme si la réflexion sur sa vie n’était accessible à personne d’autre que l’intéressé, ou comme pour dire qu’il était dans sa bulle de réflexion et que rien ni personne ne pouvait l’empêcher d’aller au bout de son raisonnement. Alors oui, le concept du film est osé, en mettant une star dans une situation que n’importe qui d’autre peut connaître, mais le résultat est vraiment très bon. Oui très bon, car ce qui ressort de cette œuvre, c’est de la sincérité, de la justesse, et cerise sur le gâteau : Van Damme réussit à nous émouvoir lorsque le scénario prend un virage surprenant et presque dérangeant vers la 65ème minute, révélant alors des qualités an art dramatique insoupçonnées. Mais cette scène-là, mes ami(e)s, constitue indéniablement le moment le plus fort émotionnellement parlant, un moment où l’acteur fait preuve d’humilité en se remettant en question, se révélant ainsi bien moins stupide que ce qu’on a voulu nous faire croire. Alors si vous voulez voir Jean-Claude Van Damme comme vous ne l’avez jamais vu, je ne saurai rien faire d’autre que de vous le conseiller, car il a su prendre tout le monde à contre-pied, comme Robert De Niro l’a fait en son temps avec son rôle de composition dans "L’éveil". "JCVD" est donc un film particulier, c’est vrai. D’ailleurs je pense que soit on aime, soit on n’aime pas et qu’il n’y a pas de place pour le juste milieu. Mais sachez qu’au-delà de l’apparence et de la prestation du héros local, "JCVD" vous offre un vrai mode d’emploi quant à la remise en question.