L'heure d'été,
l'heure des partages et des souvenirs,
du grand air et des esprits qui se figent,
dans l'élan posé de la verdure,
heure proche de la mort où rayonne un dernier sourire,
où s'échangent au vent les rimes folles d'un âge qui perdure
au-delà de tous les prodiges.
Dans le mouvement continu
de la vie intrépide
se déchirent les âmes nues
d'un quotidien bête et aride.
Beau souvenir qui nous fait vivre,
relance le soleil, les tableaux, les vases peints
pour nous rappeler le temps où nous étions ivre,
d'amour, de bonheur et de plaisirs enfantins.
Au zéphyr délicat d'un beau matin,
renaît les cendres de notre mère,
perdue dans les ronces du destin
qui l'a rendue si vieille et éphémère.
Il n'y a de trajet
que celui de vous transmettre,
enfants d'un drame que vous ignorez,
l'héritage pour vous permettre
de vivre avec la marque véritable
d'un passé déchu mais irremplaçable.
Aujourd'hui est le temps où il faut se faire,
se construire seuls comme si on nous avait abandonnés,
le temps horrible et sans vie de l'heure d'hiver,
où seuls dans un petit salon sans lumière,
nous nous rappelons un à un les bons moments passés,
fugaces ombres errantes qui nous condamnent à délirer.
Je t'admire, jeune fille aux cheveux bruns,
dont l'éclat rayonne de mille feux
dans le si vaste et beau jardin
de mon enfance privée de mots joyeux,
à ton tour ma fille
d'étaler ton voile doré
dans l'aube sublime et admirée
que de ton visage tu pilles.
Par milles fragments douloureux,
ma mère revient vers moi.
Je ne sais pas si je dois ouvrir ou fermer les yeux,
ou bien me retourner vers toi.
ou peut-être laisser la place au souvenir
pour qu'il s'imprime,
qu'à la place des volets blanchis je vois le rire,
les yeux qui pétillent plutôt que l'infranchissable abîme.