Un exploit en soi, voici un film qui ne décolle jamais. Jusqu'à la toute fin, j'ai eu l'impression d'en être à l'introduction. Oui c'est à ce point. C'est après une très longue réflexion sur le sujet que j'ai pu en comprendre le sens, car je m'étais semble-t-il refusé à le comprendre sur le moment.
Ce film est un film sur le devenir des possessions familiales après un décès. Voilà. Si vous cherchiez une réflexion sur les relations familiales autour de l'héritage, il y en a bien une, mais elle est tellement peu exploitée, surtout en comparaison du rapport des personnages au mobilier, que c'en est subjuguant.
Tout l'enjeu du film se trouve autour de la maison de l'aïeule décédée dont on nous a fait une présentation des biens au tout début du film (ils font une pause dans leur repas familial dans le jardin pour nous montrer des tableaux de maître et des meubles Louis XVI, fortiche). Le personnage principal de l'histoire veut garder la maison sans y habiter pour pouvoir y revenir en famille. Mais voilà, ses frères et sœurs ont besoin d'argent, n'habitent plus en France, les jeunes ne s'en soucient pas, bref, tout le monde il est pas beau de pas vouloir garder la jolie maison. Donc on vend la jolie maison. Puis on commence à faire le tour de tout ce qu'il y avait dans la jolie maison. Tout un tas de vieilleries plus horribles les unes que les autres dont on nous dit combien elles coûtent super cher et comme c'est triste de devoir s'en séparer.
On va même jusqu'à nous montrer le pauvre bureau Louis XVI vendu à un musée, comme il est tout triste derrière sa vitrine. Oh oui c'est très triste les meubles, ça vaut la peine qu'on s'y attache, même que ça donne envie de pleurer tout ça.
Et puis là on a enfin de l'action. Les gosses ont organisé une méga-teuf de la mort qui tue dans la maison complètement vide, ça danse, ça fait du skate, ça fait du bruit, ça flirte. Là on se dit qu'il va se passer un truc. La fille du père emmène son copain dans les herbes à côté de la maison, elle lui confie à quel point elle est triste de savoir qu'elle ne reviendra jamais ici, puis ils s'embrassent. Etttttt... Coupé ! Elle est bonne, on la garde ! Fin du film !
Voilà, c'était les seules 3 minutes d'action.
Donc on ressort de la salle, avec des courbatures et la sérieuse impression d'avoir été retenu en otage pendant une heure et demie dans une faille spatio-temporelle remplie de néant et avec la ferme intention de chasser cet horrible impression de vide de sa tête. Et même en se remémorant à deux toutes les scènes du film une à une, ça ne passe pas. Il n'y a rien à retenir de ce film. Rien. Si ce n'est l'envie tenace et pourtant infondée de coller un pain à tous ceux qu'on entend dire à la sortie que "effectivement, c'est un très beau film, on ne fait pas assez attention aux vieilles choses, et puis aujourd'hui les jeunes n'ont plus aucun respect pour rien, ils ignorent la valeur des choses"...
Ce film est apparemment le seul rescapé d'une série de projets financés par des musées, et très franchement, il n'aurait pas dû rester un seul survivant.