Au moment où j’écris ces lignes, je suis surpris de voir qu’il n’y a que 23 critiques de postées. "Antarctica" date de 1983, et a remué toute une génération jusqu’au plus profond de son être, y compris ma personne qui a pourtant versé des larmes à n’en plus finir. En dépit du titre, ne vous y trompez pas, le film est japonais. Et il suffit de s’intéresser un peu à la culture japonaise pour savoir qu’elle se caractérise par un certain code d’honneur. Et c’est plus ou moins de cette notion qu’il s’agit, mise en avant à travers une histoire vraie, brutale et simple à la fois, et merveilleusement contée en voix off par Robert Hossein pour la version française qui ne dure que 1h45, alors que la version complète, non distribuée en France, propose 38 minutes de plus. La vraie histoire se passe en février 1958, avec cette toute première expédition japonaise menée dans le cadre de l’année internationale de géophysique. Seulement les autorités japonaises se voient contraintes d’évacuer l’équipe qui a construit cette base en 1957 à cause de conditions météorologiques épouvantables, laissant très exactement 15 chiens sur place. Koreyoshi Kurahara a eu envie de faire savoir au monde entier ce qu’il s’était réellement passé. Et pour cela, il a su s’entourer des plus grands, en confiant la composition musicale au talentueux Monsieur Vangelis lui-même. Ce dernier a créé une musique qui accompagne formidablement bien le film. Pire, il nous fait planer, voler jusqu’aux firmaments des émotions qui pourraient provoquer la déshydratation d’un corps entier. Malgré une image baissant en qualité au fur et à mesure que les années passent, (j’expliquerai plus loin pourquoi), les paysages antarctiques sont des plus dépaysants, et des plus somptueux, tout du moins pour ceux qui sont sensibles à ce genre de panorama. Tout est blancheur, tout est immaculé ou presque, alors imaginez en plus la musique envoûtante de Vangelis et la voix délicieusement rauque de Robert Hossein qui finit de vous donner le frisson. Nous voilà alors invités à suivre ces chiens de traineau (des huskys de Sakhaline, race particulièrement rare malgré ses aptitudes exceptionnelles, menacée d’extinction bien que rendue célèbre par ce film) dans des paysages désolés, battus par une tempête qui signifie que l’homme n’a pas sa place dans ce milieu décidément hostile. Nous voilà donc projetés dans une sorte de documentaire, dans lequel les chiens s’expriment selon leur instinct, que nous regardons à hauteur de chien. Nous mesurons leur courage, leur naturel (et j'insiste sur le mot "naturel"), leur organisation dictée par une certaine hiérarchie et surtout par l’instinct de survie, ce qui en fait une histoire plus que touchante dans cet Antarctique qui captive comme jamais, déployant son horizon infini à hauteur de chien. L’émotion est encore aujourd’hui la même que lorsque j’étais plus jeune (je l’avais vu au cinéma), le simple fait d’écrire ses lignes suscitant une vive émotion. Mais je préfère prévenir ceux qui ne connaissent pas ce film, "Antarctica" peut être dur, voire choquant pour les plus petits ou pour ceux qui aiment les animaux, car le sort de ces pauvres chiens n’est pas toujours réjouissant, mais cela reste un véritable diamant du cinéma. Oui, les diamants sont éternels, et ce film en fait partie, malgré une qualité d'image qui se dégrade au fil du temps, car ce film n’existe qu’en VHS pour ceux qui ont la chance de le posséder dans leur vidéothèque. Il va de soi que ce chef-d’œuvre mériterait une restauration et d’être édité en haute définition. Moi-même je serai le premier à vouloir l’acheter si une édition blue ray venait à apparaître, me contentant à la limite d’une simple édition DVD. Seulement voilà, je crains qu’on doive attendre de façon indéfinie, car la société de production a malencontreusement enterré les droits en fondant les plombs. Un film qui mérite amplement d’entrer dans le Panthéon des films les plus fabuleux qui soient. Et si vous vous demandez pourquoi regarder ce récit contemplatif, alors dites-vous que ce film est né d'une simple envie de raconter, et qui se révèle être une ode à la vie, qu’elle soit animalière ou humaine, tout en apportant la définition du code d’honneur. Mais une chose est sûre, il ne vous laissera pas indifférent, et vous marquera à jamais. Et si jamais il vous venait à visionner le remake américain "Antartica, prisonniers du froid", sachez que vous ne vivrez pas la même magie. Alors installez-vous, et laissez-vous emmener en voyage...