L'histoire d'un mec qui voulait garder sa place si chèrement acquise.
Comme on pouvait s'y attendre, le deuxième opus est un peu en dessous du précédent. L'effet de surprise n'y est plus, et il y a un relent d'(excellent) humour noir à la coréenne trop familier pour se sentir vraiment dépaysé.
L'autre souci, c'est que le scénario ne bouge pas d'un iota, on prend les mêmes (enfin ceux qui restent !) et on recommence l'élection deux ans plus tard.
Comme il fallait faire un peu plus fort, on a droit à une scène particulièrement épicée. Tout pour vous dégoûter du steak tartare pendant quelques heures. Le film est lent et même dans les scènes d'action, on est loin de la précipitation et de la surenchère américaine. Tout reste à taille humaine, il y a un peu plus d'armes à feu qu'avant, mais peu s'en servent. La machette est tellement plus amusante finalement, et presque plus silencieuse. Si l'on excepte les hurlements des suppliciés ! Il y a un peu moins de ripailles, plus de voitures, et moins de discours.
Le plus gros reproche est la qualité de la caméra, à part une dizaine de plans sympas, on sent moins de préparation dans les cadrages, moins de volonté de lécher l'esthétique ou la construction du script pour aller à l'essentiel, un peu trop plat.
La première conclusion est que la Chine prépare des jours heureux à l'humanité, tant le pouvoir ne fait pas de distinction entre le bien et le mal, du moment que les affaires tournent. C'est à la fois fort, mais aussi un peu dérisoire puisque l'on s'en est aperçu depuis 4000 ans. Hong Kong signe là son manifeste du mafieux sur le déclin face à plus fort que lui, à défaut d'un documentaire sur la fin des affaires plus propres face au rouleau compresseur communiste jaune. Ce sont eux qui en parlent le mieux en tout cas.
Signe que le premier épisode avait accroché un large public, cette fois çi la sélection s'est faite plus sévère dans la salle, 90% de mecs, tous trentenaires avec un maxi à 40. En dehors d'un coeur bien accroché nécessaire, propre aux femmes plus jeunes habituées à la distanciation, le romantisme était encore plus vaporeux. Et vient alors la deuxième conclusion. Il ne nous reste qu'un "héros" à se mettre sous la dent. Un fier, homme d'honneur, qui ne prend pas par surprise, et qui sait se souvenir. Mais qui ne mange pas à tous les râteliers, surtout quand le prix à payer est trop lourd dans son échelle de valeurs si humbles. C'est le plus laid et le plus frustre, et ça donne une idée de la valeur humaine du pouvoir. Et des gens qui le recherchent, quelque soient la noblesse de leurs activités.
Il manque aussi ce grand moment de cinéma avec le quiproquo des deux tueurs dans la forêt qui faisait en grande partie la signature de la qualité d'"Election 1" avec le repas aux assiettes. Même si l'impression d'ensemble est maussade, il reste un grand moment de cinéma, ce désenchantement sourd, moite, qui étreint tout et tous, dans un maëlstrom de violence larvée, de désordre permanent, où l'on se sent finalement chez soi, loin des certitudes, loin de la retraite, en plein dans la vie et sa fragilité rappelée à chaque plans.
On pense toujours à un documentaire animalier, mais il n'y a pas d'antilopes, juste des tigres, des lions et des hyènes contre des loups.
Un film nécessaire donc.