Quoi ?!! Encore un film asiatique de fantômes ? Et bien oui…mais je vous arrête tout de suite, vous ne verrez pas ici de visions terrifiantes ou de jeunes filles aux longs cheveux noirs cherchant à vous tuer. Alors oubliez de suite "Ju-On", "Dark Water", "Exte : Hair Extensions", "La Mort en Ligne", "The Eye" et autres "Ring" car ici, on ne va pas aborder les fantômes par le côté horrifique mais par le côté scientifique. Oui, vous avez bien lu : scientifique. Des chercheurs ont trouvé une nouvelle forme d’énergie qui a l’air d’être lié au cycle de la vie : quand on meurt, notre énergie perdure encore quelques instants avant de disparaître totalement, mais parfois cela n’arrive pas et c’est de cette façon que l’on devient un fantôme. Suite à leurs travaux sur cette énergie, les scientifiques ont réussi à «capturer» un fantôme : ce dernier marmonne des choses inaudibles pour les humains. Ils décident donc d’engager un policier qui est connu pour lire sur les lèvres des personnes, espérant ainsi qu’il pourra les aider à percer les mystères de la mort après la vie (ou la vie après la mort ?...tiens c’est marrant, ici ça marche dans les deux sens !!)…Original n’est-ce pas ? D’autant plus que de nombreuses trouvailles vis-à-vis de cette fameuse énergie ont été trouvées pour rendre cohérents certaines scènes : en aspergeant les murs d’une pièce avec l’énergie en question, le fantôme ne peut traverser les murs ; s’envoyer un coup de «spray» d’énergie sur les yeux permet de « voir » les fantômes, en mettre sur des balles de révolver permet de faire fuir les fantômes en cas d’agression de leur part. Et oui, pour une fois il ne s’agit pas de mortels luttant contre la mort irrémédiable qu’un fantôme rancunier veut leur octroyer ; non ici on s’interroge plus sur notre ressenti personnel vis-à-vis de la mort en général, et Chao-Bin Su (déjà «responsable» des bons "Better Than Sex" et "Le Règne des Assassins") utilise comme intermédiaire ses protagonistes pour mieux nous interloquer : le policier refuse de laisser partir sa mère végétative dans un hôpital alors que tout le monde autour de lui pense qu’il s’agit de la meilleure chose à faire, le fantôme «prisonnier» des scientifiques est toujours sur terre pour une raison bien particulière, le chef des savants est tellement obnubilé par l’au-delà qu’on finit par se demander s’il ne préfèrerait pas être mort plutôt que de continuer une vie insignifiante…Au milieu de ces interrogations quasi mystiques, le film arrive tout de même à imposer des moments de pure tension car, lorsqu’un fantôme se rend compte qu’un vivant peut le voir, il cherche à croiser son regard, provoquant immédiatement la mort de ce dernier par une terrible frayeur : nous pouvons donc, à des moments vraiment inattendus, basculer dans des scènes angoissantes qui n’ont finalement rien à envier à "Ring" ou "The Grudge". Bien maîtrisées et subtilement amenées, ces séquences parviennent à faire évoluer le rythme du film sans jamais le casser. Côté casting, le duo principal fait des merveilles : le policier Ye est interprété par le grand Chang Chen, bien connu des fans de films asiatiques ("Eros", "Happy Together", "Tigre et Dragon", "2046", "Les Trois Royaumes", "The Grandmaster") ; et le déroutant Hashimoto a pris les traits de Yosuke Eguchi (surprenant dans "Goemon" et "Rurôni Kenshin").
"Silk" est donc une bonne petite surprise de par son sujet original et de sa nationalité (les films de Taïwan sont tout de même beaucoup moins distribués que ceux de Chine, du Japon ou de Corée !), nous proposant une approche philosophique du fantastique inhabituelle mais néanmoins très sympathique.