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    Buenos Aires 1977
    Anecdotes, potins, actus, voire secrets inavouables autour de "Buenos Aires 1977" et de son tournage !

    Argentine, 1977

    Buenos Aires 1977 revient sur une période et un contexte politique particulièrement tendus. Le 24 mars 1976, un coup d'état militaire d'une rare violence renverse le gouvernement démocratique d'Isabel Peron. L'armée entend résoudre les problèmes du pays par des moyens drastiques : annulation de tous les mandats de l'autorité civile, assemblée dissoute, suppression des conseils généraux et de toutes les libertés démocratiques (interdiction des partis politiques et des syndicats, censure de la presse, députés démis de leurs fonctions et membres de la cour suprême limogés). Des brigades spéciales sont formées pour traquer les ennemis du nouveau régime. Exécutions sommaires, tortures et enlèvements sont le lot quotidien de la population. Des citoyens sont séquestrés chez eux ou sur leur lieu de travail, les disparitions remplacent les arrestations. Entre 1973 et 1983, entre 10 000 et 30 000 personnes "disparaissent" sans laisser de traces, pour des motifs aléatoires. C'est là que Adrian Caetano situe son intrigue, et évoque le kidnapping "gratuit" de Claudio Tamburrini, orchestré par des agents du gouvernement militaire.

    Inspiré d'une histoire vraie

    Buenos Aires 1977 se nourrit d'événements véridiques : l'enlèvement, dans l'Argentine des années soixante-dix, d'un homme innocent que les agents du gouvernement militaire accusent sans fondement, et son incarcération dans la "Maison Seré", centre clandestin de détention particulièrement dur. Claudio Tamburrini a raconté son histoire dans un livre, Pase libre, la fuga de la mansion Seré. C'est à partir de cet ouvrage que le réalisateur et ses deux scénaristes, Esteban Student et Julian Loyola ont travaillé, en allant voir Claudio chez lui à Stockholm, et en collaborant également avec Guillermo Fernandez, l'un des rares détenus à s'être évadés de la Maison Seré.

    Présenté à Cannes

    Buenos Aires 1977 est présenté en Sélection officielle, en compétition, au Festival de Cannes en 2006. Au départ, le film devait être projeté dans le cadre de la section Un Certain Regard. L'organisation du Festival a alors décidé, quelques jours après l'annonce la Sélection, de l'intégrer à la course pour la Palme d'Or.

    Adrian Caetano

    Né à Montevideo (Uruguay) en 1969, Adrian Caetano s'installe en Argentine à l'âge de seize ans, où il commence à réaliser ses premiers courts-métrages : Viste Carlos Paz en 1992, et Calafate en 1993. Il travaille pendant deux ans à la production de son premier long, Pizza, birra, faso, co-réalisé avec Bruno Stagnaro, qui obtient un grand succès public et critique. Le film est même considéré comme le départ d'un mouvement cinématographique nouveau en Argentine. Il alterne ensuite les longs et courts-métrages, ainsi que les productions destinées à la télévision. Buenos Aires 1977, présenté à Cannes en compétition officielle en 2006, est son quatrième long métrage.

    Comme un film d'horreur

    Le scénario du film colle au plus près à l'idée même du livre de Claudio Tamburrini : la survivance. Adrian Caetano a conçu son film comme une histoire de "survivants à l'horreur, racontée comme un film d'horreur, en faisant toujours attention de ne pas faire basculer dans le morbide un récit qui à la base était déjà terrifiant." Buenos Aires 1977 est avant tout l'histoire de survivants "échappés de l'enfer", sans chercher à faire porter au film un discours sur la dictature elle-même. Mais le contexte politique, mécaniquement, corrompt le parcours des personnages qui le subissent. "Ce n'était pas mon intention de parler de ces années", rajoute le réalisateur, "mais elles ont été le cadre nécessaire pour le film".

    Choix esthétiques

    Buenos Aires 1977 traduit des choix esthétiques forts : image contrastée et couleurs non-saturées. Pour ce faire, l'image a subi un traitement particulier, sans blanchiment sur le positif, dit "bleach by pass", qui renforce la texture crue avec du grain et des noirs profonds. La caméra, constamment portée à l'épaule, donne au film un caractère inquiétant qui ajoute à l'empathie du spectateur. En outre, l'utilisation du "split fields", qui permet d'avoir en même temps à l'écran le point sur plusieurs personnages même éloignés de plusieurs plans, disperse l'attention du spectateur dont le regard porte sur tous les protagonistes à la fois. La multiplication des focales courtes, surtout au début du métrage, qui a pour effet d'ouvrir le champ visuel, a contribué, selon Adrian Caetano, "à magnifier les expressions des acteurs, permettant ainsi au spectateur de percevoir, à chaque moment, la tension interne des protagonistes"

    La maison de l'enfer

    Une grande partie du métrage se déroule dans une unique maison, représentation réaliste de la fameuse "Maison Seré" qui servit à l'emprisonnement de victimes politiques. Trouver le lieu idéal ne fut pas une mince affaire, mais c'était indispensable pour fabriquer l'environnement du film, et rendre ainsi tangible le déroulement des événements. "C'est seulement à partir de là que nous avons structuré tout le reste, cherchant le quartier autour, respectant l'époque, faisant en sorte que tout soit cohérent, que cela réponde aussi bien aux besoins cinématographiques qu'à la réalité historique" raconte Adrian Caetano. Le choix des lieux apparaissait donc comme la condition sine qua none à une approche réaliste du film, surtout par rapport aux spectateurs concernés par l'histoire : "C'est très différent de travailler à partir d'un fait réel, surtout losque l'on pense que les protagonistes seront assis dans la salle, et qu'ils vont regarder leur propre histoire en tant que spectateurs".

    Rencontre avec Claudio

    Rodrigo De la Serna, qui joue le rôle de Claudio dans le film, a eu l'occasion de rencontrer le vrai Claudio Tamburrini après la fin du tournage. Il raconte : "ce fut une rencontre bouleversante dont je me souviendrai toujours. J'avais étudié toute sa vie, surtout son moment le plus dramatique et le plus significatif (les 120 jours de détention illégale dans la Maison Seré et la fugue qui a suivi), alors le rencontrer et échanger des impressions, ce fut incroyable. Une des possibilités qu'offre la vie dont on sera toujours reconnaissant."

    Conseiller technique

    Guillermo Fernandez, l'un des évadés de la Maison Seré, a accompagné la totalité du tournage afin de conseiller et d'encourager acteurs et techniciens. Il tient également un petit rôle dans le film : celui du juge qui a condamné le vrai Fernandez à l'époque des faits. "Ce moment illustre avec force la schizophrénie dans laquelle nous nous trouvons", affirme l'acteur Rodrigo De la Serna, qui interprète le rôle de Claudio Tamburrini.

    "Huguito"

    Comme tous les personnages du film, celui que tout le monde appelait "Huguito", interpété par Pablo Echarri, a vraiment existé. Malgré les procès de la Junte Militaire dans les années 80, pour lesquels Claudio Tamburrini a parfois témoigné, l'identité de "Huguito" est toujours inconnue. C'est que les procès n'engageaient que la partie immergée de l'iceberg, principalement les supérieurs de l'armée, en laissant libre la main d'oeuvre macabre des enlèvements. "Il est libre, parmi nous, mais nous ne savons pas qui il est", raconte Rodrigo De la Serna. "C'est cela qui est grave. (...) Qui furent-ils hier? Où sont-ils aujourd'hui?"

    Retour à la vie normale

    Les quatre évadés de la Maison Seré ont vécu des destins très différents, certains refusant de remettre les pieds en Argentine. Claudio (joué par Rodrigo De la Serna) s'est exilé en Suède en tant que réfugié politique, où il continua à jouer au football en amateur et devint chercheur en philosophie à l'Université de Göteborg. Gallego (Lautaro Delgado) a quitté le pays pour n'y jamais revenir. Sa dernière résidence connue fut Barcelone, en Espagne. Vasco (Matias Marmorato) s'est réfugié chez un parent, avant d'être de nouveau kidnappé puis libéré en 1983. Comme Claudio, il témoigne en 1985 au procès des dirigeants de la Junte Militaire. Enfin, Guillermo (Nazareno Casero) a fui en France où il est devenu acteur. Il a lui aussi participé aux procès.

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