Ce film s’inscrit dans la lignée des Godsend, Esther et autres Joshua. Le problème de tous ces récits à enfants maléfiques est qu’ils pâlissent bien souvent en comparaison de La Malédiction de Richard Donner, qui en 1976 a donné le ton pour tous les films du genre à venir. Rappelez-vous de Damien, cet antéchrist miniature qui à 5 ans a réussi à vous traumatiser à vie de nos charmantes têtes blondes.
Aucun enfant maléfique ne parviendra par la suite à affoler le trouillomètre comme Damien l’avait fait, n’en déplaise aux réalisateurs qui recourent aux batteries d’effets habituels et ficelles plus ou moins grosses : musique flippante, gros plans soudains sur la tête du gamin qui nous fait sursauter, air enfantin fredonné d’un ton innocent… avec un succès mitigé. Leur salut ne viendra pas de ces éléments mais d’autres tel un scénario original (et je pense qu’Esther mérite une place de choix dans le rang des scénars bien ficelés à twist de fin très sympathique). Malheureusement, tous ne peuvent pas y prétendre (oui toi, Godsend, je te regarde, espèce de bouillie infâme de clichés).
L’originalité du Cas 39 réside en son déroulement tempéré : point de grosses ficelles ni de faux suspense ; l’on appréciera l’absence de “suspense – ah non en fait y’a rien – ah ben si HOP je te fais sursauter avec un gros son quand tu penses que c’est bon” qui en devient insupportable dans les films qui y recourent à défaut de réelle frayeur. Un peu à l’instar de Joshua, Le cas 39 préfère distiller le malaise petit à petit, qui résidera plutôt dans les détails (“Je coupe mes petits pois en deux avant de les manger”).
Bref, à éviter si tu es en mal de sensations fortes (va plutôt voir l’Orphelinat, Insidous ou mieux, un bon film d’horreur Coréen), mais sympathique à visionner une fois, sans plus. L’on note quelques prestations bien menées et non caricaturales, comme celle notamment de la fillette, ou de ses parents un peu tarés.
Bonus mesdemoiselles : Bradley Cooper.
Malus “on te préfère en Bridget” : Renée Zellweger.
La petite Jodelle Ferland n’est donc pas trop mauvaise dans son rôle, et si sa prestation est inégale, l’on notera quelques scènes remarquables comme le face-à-face avec Bradley Cooper durant lequel celui-ci se sentira menacé (qui ne le serait pas). Elle fait preuve d’une maturité et d’une assurance assez impressionnantes pour quelqu’un de son âge. La transformation d’une fillette effacée et peureuse à un démon manipulateur et meurtrier est assez bien menée. Quelques point de plus au trouillomètre rien que pour la scène toute simple de rampement sous le lit qui m’a furieusement fait penser à toutes sortes de monstres à la Silent Hill, ou la fillette disloquée de l’Exorciste, ou encore… un gros insecte.
En parlant d’insectes… la scène des frelons m’a mise extrêmement mal à l’aise (pourtant, elle ne paie pas de mine mais je suis terrifiée par les frelons). Brrrr.
Le côté manipulateur est très présent durant tout le film, avec notamment une phrase culpabilisante revenant souvent : “Est-ce que tu es fâchée ?” ce à quoi il est difficile de répondre autre chose que “non” devant sa petite bouille désolée (enfin pour l’héroïne en tout cas).
En revanche, l’aspect “je te trucide avec tes peurs les plus profondes” était moyen : tout d’abord, cela ne semble pas être un modus operanti spécifique mais plutôt quelque chose de ponctuel, ce qui rend l’ensemble un peu décousu, et ensuite, c’est un modèle que l’on retrouve dans pas mal d’autres oeuvres (et là je suis obligée de penser à Ça de Stephen King qui écrase tout de ce point de vue et fait passer en comparaison la scène des frelons pour une balade chez Mickey).