Après "Les sentiments", la perle française de 2003, Noémie Lvovsky revient derrière la caméra pour une comédie consacrée à la famille et à l'identité. Un film fantaisiste et grave à la fois sur la douleur du passé et l'absurdité du présent, où se côtoient la comédie américaine légère des années 50 et le drame ironique à la française. Grâce à un casting première classe (Jean-Pierre Marielle plus séducteur que jamais, Valeria Bruni-Tedeschi d'une grande justesse et Sabine Azéma jouissive) et un sens du rythme étonnant (musique entraînante, dialogues piquants et intelligents, imprévisibilité scénaristique) "Faut que ça danse!" - qui porte bien son nom - est une comédie hilarante, tonique et imperturbable, osée et réfléchie (le meurtre d'Hitler, d'une finesse humoristique rare!). Malgré un humour qui tourne à vide pendant les 20 minutes de la moitié du film, cette tendre hystérie communicative propose un discours amusé du passé qui ressurgit quotidiennement et de la fin qui s'approche ; avec humour et pudeur, la réalisatrice brosse des portraits attachants de personnages excentriques mais pourtant normaux, cachant sous leur normalité la peur d'une existence qui s'éteint ou de fantômes qui reviennent. Bref, une comédie subtile et brillante sur la mémoire, le passé, les liens familiaux et l'identité. Une belle manière de rire face à la gravité des thèmes exposés, d'un humour construit avec justesse et sensibilité. Jusqu'au plan final, sérieux, beau, puissant, qui prend source du contraste avec les scènes précédentes, et de l'aspect vital de cette comédie qui consiste, au final, à rire de la mort, passée ou future. Un beau moment de cinéma, fragile et robuste, drôle et touchant, noir et blanc.