Depuis l'exceptionnel et tragique "Match point", Woody Allen semble être rentré dans une nouvelle ère cinématographique, tout au moins un nouveau style. Suivi de "Scoop", pétillante comédie pleine de charme et d'esprit, son dernier film paraît le plus déçevant de ce renouvellement. "Le rêve de Cassandre", que l'on situera directement dans la case 'histoires sombres' tout comme "Match point", est une tragédie familiale inégale et impersonnelle, distante et molle. On ne retiendra de ce nouvel opus que la partition brillamment orchestrée des deux acteurs - Ewan McGregor en tête - dont la complémentarité et la maturité de jeu en satisfera plus d'un. Mais à côté, il n'y a pas grand-chose à sauver : si l'histoire, quoique classique, a un interêt, c'est son traitement soporifique qui lui enlève. Sans pics émotionnels, sans élégance scénaristique et sans personnalité affirmée dans la mise en scène, qui semble en retrait, Woody Allen transforme la tragédie grandiose qu'aurait pu être "Le rêve de Cassandre" en un mini-drame mal construit et peu captivant. Il aurait fallu une énergie en plus derrière la caméra, une photo plus osée, une construction peut-être plus chaotique que le simple déroulement du drame qui perd, en avançant, de sa saveur et s'étale lourdement dans la rubrique 'fait divers'. Prétextes scénaristiques plus qu'un conduit réel, c'est ce qui handicape principalement cette histoire de deux frères en quête d'argent, jusqu'à l'indicible. Il n'y a pas l'incision de "Match point", les réflexions philosophiques de "Scoop" ni le charme de ses films de jadis. Il n'y a pas l'auscultation des tréfonds de l'âme humaine que l'on attendait. Juste une mollesse agaçante, une langueur inexpressive, de brusques changements de tons, des sorties d'étapes bâclées (la fin, sans passion, se termine comme si de rien n'était)... bref, on est constamment dans l'attente d'une tension, d'un point soutenu qui ne vient pas. Excessivement allongé et souvent impersonnel (pas plus du Woody Al