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Anaxagore
130 abonnés
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4,0
Publiée le 8 janvier 2009
Troisième long-métrage de Jancsò, «Mon chemin» (1965) est un film remarquable qui, sans mettre déjà en oeuvre les recherches formelles radicales qui seront la marque des films postérieurs du réalisateur, possède suffisamment de cohérence intrinsèque pour être apprécié pour lui-même. On y suit les pérégrinations sans but d'un jeune étudiant, Joseph, perdu, à la fin de la seconde guerre mondiale, dans l'immense plaine hongroise et ballotté entre l'occupant nazi, les collabos du régime de Horthy, les anarchistes hongrois et les troupes du «libérateur» soviétique. Fait prisonnier par les russes et mis au travail dans un pâturage, il se lie d'amitié avec le soldat qui le surveille. Après la mort de celui-ci, il fuit et est battu par des compatriotes pour sa collaboration avec le nouvel occupant. Le propos de Jancsò, universel au delà de son point de départ contingent, est d'illustrer la fragilité d'un individu déboussolé et complètement débordé par une guerre qui le dépasse, ce qu'illustre le magnifique regard caméra final de Joseph. Pour ce qui la concerne, la mise en scène inaugure une voie de recherche qui trouvera son point d'aboutissement dans des films comme «Les sans-espoir» ou «Silence et cri». La narration repose déjà sur la seule puissance d'images au fort pouvoir de suggestion, la parole étant réduite au strict minimum. Le réalisateur s'autorise encore un usage très parcimonieux d'une musique extradiégétique (d'ailleurs discrète et remarquable), ce qui ne sera plus le cas par la suite. Il use encore de nombreux plans rapprochés, voire de gros plans (mise en valeur de l'individu) et le montage demeure classique, alors que les films ultérieurs privilégieront les longs et larges plans-séquences (mise en valeur de la collectivité). Mais, je le répète, le film est intrinsèquement cohérent; il est beau, subtil et fort, et je ne peux qu'encourager sa découverte.