Mikael Håfström, cinéaste suédois plutôt discret chez nous, s’essaye au thème de la maison hantée, en version actualisée : tout se passe dans une mystérieuse chambre condamnée de l’hôtel Dolphin, établissement respectable sur une rue new-yorkaise. Mike, fier de son cartésianisme, flaire un coup de pub, et obtient d'y passer une nuit. Une nuit, on le devine puis on le vérifie, très agitée. C’est, pendant un temps du moins, absolument asphyxiant. Inspirés par une nouvelle récente de Stephen « le King », les scénaristes – dont deux étaient déjà là pour Ed Wood, Larry Flint et Man on the moon – appliquent studieusement les règles ténébreuses de l’épouvante. Ils travaillent l'atmosphère, jouent sur la suggestion, cultivent autant les doutes dans la tête du protagoniste que dans la nôtre. C’est peu dire qu’on est mal à l’aise, mais on est venu pour ça, et pendant une bonne heure on ne regrette rien (de rien). Et puis arrive la scène imposée, où la menace se découvre enfin. Et là, tout s'écroule. Cette espèce de zombie tiré des coulisses d'un théâtre miteux ne ferait peur qu’à une mouche chétive, naine, malade et borgne. Le château de cartes monté si soigneusement s’affaisse brutalement, on perd toute notre attention en trois ou quatre plans, et jamais plus on ne parvient à la reconquérir. Mikael Håfström, cinéaste suédois plutôt discret chez nous, n’est pas Kubrick et encore moins Lynch.