Chambre 1408
Un film de Mikaël Hafstrom
Après un Dérapage pas vraiment contrôlé (Vincent Cassel n’y était pour rien, pas plus que Clive Owen ou encore Jennifer Aniston, la moins convaincante des trois), le metteur en scène suédois a décidé de faire amende honorable, et de relever un autre défi.
Avec cette Chambre 1408, Mikaël Hafstrom s’attaque ici à une toute autre affaire. Il entre désormais dans le club pas si fermé que cela des réalisateurs ayant tenté de porter à l’écran l’une des œuvres du prolifique Stephen King. Un défi autant technique que narratif, puisqu’il s’agissait avant tout de filmer un personnage unique, Mike Enslin, écrivain spécialisé dans l’épouvante, pris au piège au beau milieu d’une chambre d’hôtel, avec petit salon attenant, s’il vous plaît.
La chambre 1408 est une chambre d’hôtel à la sulfureuse réputation, au 14ème étage du Dolphin Hotel de New York. Le nombre de décès pour morts violentes qu’on lui attribue est impressionnant. Alors, réalité morbide, ou publicité de mauvais goût ? Toujours est-il qu’un auteur à succès, Mike Enslin, souhaite la prendre, afin d’étudier le phénomène. Grand sceptique devant l’Eternel, Mike Enslin a pourtant bâti sa carrière sur des livres d’épouvante, alors même qu’il a cessé –de son propre aveux- de croire aux fantômes et aux esprits depuis l’âge de 12 ans. Après une vie bien remplie, il a séjourné dans un grand nombre de maisons prétendument hantées et de cimetières aux esprits, pour ne rencontrer que la plus profonde solitude. Ce n’est donc pas faute d’avoir essayé, mais son esprit critique n’a, à ce jour, jamais trouvé un quelconque élément capable de le contredire.
C’est dire si le cas de la chambre 1408 ne l’intéresse pas plus qu’un autre ! Elle pourra cependant lui donner l’un ou l’autre élément pouvant lui être utile pour son prochain bouquin, sait-on jamais ? Décidé à y effectuer un court séjour, il rencontrera le gérant de l’établissement, qui lui, fera tout son possible pour l’en dissuader. Celui-ci aura beau se lancer dans un long discours, rouler des yeux quand nécessaire (le comédien Samuel L. Jackson est d’ailleurs passé maître dans cet art mésestimé) , rien n’y fera, Mike campera sur sa position, celle d’un homme désabusé, qui a tout vu, ou du moins le croît. John Cusack, excellent comme toujours, apporte la touche de vulnérabilité nécessaire à son personnage.
L’écrivain s’est donc rencardé, il a écouté les billevesées du gérant (c’est là son opinion), et a passé outre. Il est désormais en possession de la clef –une véritable clef en métal, comme on les faisait d’antan !- et va pouvoir se consacrer à son travail. Un travail qui consiste moins en la collecte d’information que dans l’action de dénaturer l’essence même des choses, surnaturelles ou non. C’est un peu comme si en se comportant en irréductible sceptique, à la limite méprisant, Mike Enslin pensait se mettre à l’abri. Comme si nier l’existence –ou la possibilité- de phénomènes inexplicables allait l’immuniser, lui, tout en ôtant le pouvoir supposé mystérieux et maléfique des endroits qu’il visitait. Jusque là, cela fonctionnait ainsi.
Une fois installé –ses effets personnels se réduisent à peu de choses, un dictaphone et un sac fourre-tout- dans la chambre 1408, Mike Enslin commence à en faire l’inventaire. Goguenard, il effectue son petit tour calmement, se muant quelques instants en un critique acerbe de la décoration d’intérieur. Il va très vite se rendre compte que quelque chose cloche. Et deviendra alors un peu plus perméable au doute. On pourrait croire qu’il a un peu trop attaqué la bouteille de l’excellent Cognac offert de bon cœur par la gérant pour avoir les idées vraiment claires, mais de là à avoir de telles hallucinations ! ! !
Refusant toujours de croire ce qu’il voit (son fichu amour propre a la dent dure), il s’enfoncera alors à chaque seconde un peu plus dans son cauchemar. Il revivra des instants du passé, plus ou moins heureux, et fera par la même occasion le point sur sa vie. Mais la chambre 1408 n’a que rarement des visiteurs, et ne les laisse jamais sortir sains et saufs. Pour espérer déroger à la règle, Mike Enslin va devoir accepter certaines images, et être prêt à mourir. Le sera-t-il ?