Chambre 1408. Ou comment foutre la trouille avec un pg-13. En général, ce sont de toutes façons les plus flippants. Le dernier à m'avoir foutu le trouillomètre à zéro était Signes. Ca date hein ? Autant vous dire de suite que de savoir que le projet de ce film avait été confié à Hafstrom (scénariste de Cops et réalisateur de Dérapage) me foutait quelque peu la trouille quant au futur de ce projet. Mais avec de bons scénaristes derrière tout ça, on ne peut que sourire et demander à voir.
Je me suis donc jeté dans la Chambre 1408 sans a priori, et tentant d'être le plus hermétique possible aux critiques et autres que j'avais pu lire ...
Le fait que ce film était une adaptation d'un écrit de Stephen King (adaptation souvent ratée pour la plupart d'entre elles ..) me laissait de marbre.
Mais ... grande surprise.
Le réalisateur voulait en faire une scène prolongée de la chambre 237 de Shining, j'y ai plutôt vu une représentation de l'excellentissime Silent Hill 4 : The Room (pour ceux qui ont joué au jeu.)
Le film commence sur quelques 15 minutes relativement longue, nous annonçant d'entrée qu'ici, on ne verrait rien de dégueulasse, mais qu'on nous torturerait le cerveau. Et putain que c'est efficace ! 1h30 de vraie flippe, collé au fond du siège à serrer les dents ! Jackson avait bien prévenu Cusack de ne pas faire le malin, cet écrivain ne croyant rien de ce qu'il écrit, et qui voulait voir si cette chambre était réellement hantée pour clôturer son ouvrage !
Une chambre banale, bien éclairée, qui arrive à nous foutre une peur bleue, moi j'appelle ça du talent ! Et à tout niveau ici : à la photo, au jeu, à la réa', à la musique, au scénar' ... tout !
A première vue le film ne paraît pas original pour un franc, mais se démarque par son intrigue suffocante, dans laquelle nous nous demandons si le protagoniste sortira un jour de cette chambre, s'il est encore dans notre dimension ou notre monde, s'il est réellement en train de vivre tout cela. La porte de l'imagination est ici grande ouverte.
Jackson (ici gérant de l'hôtel) avait prévenu Cusack que personne n'avait tenu plus d'une heure dans cette chambre. Et qu'ils s'étaient tous suicidés pour des raisons inexpliquées.
Alors, lorsqu'on voit ce putain de réveil matin afficher : 60:00 - 59:59 - 59:58, on se dit, ça y est ... c'est parti ...
Une scène flippante ? La voilà : Aux allures très simples, mais extrêmement efficace, Cusack regarde le bâtiment face à lui, où un homme regarde la télé. Il lui fait signe, l'homme se lève, puis Cusack va s'apercevoir que cet homme est en fait son reflet, dans l'appartement d'en face. Jusqu'à ce qu'une femme ridée, avec un piolet et une veste verte apparaisse derrière lui, prête à le frapper. Cusack met quelques instants à s'en rendre compte et se détourne rapidement pour s'apercevoir qu'elle est derrière lui. La scène est banale, mais tant inattendue qu'on balise à l'idée de revoir cette femme redébarquer (et elle redébarquera encore !...).
Une scène de torture mentale, pour bien nous démontrer que la chambre cherche à nous rendre dingue : La fille d'Enslin (Cusack) est morte des suites d'une maladie il y a quelques temps. Puis il l'entend, et la voit. Elle marche sur des morceaux de verres cassés, les pieds en sang, pleurant, en disant qu'ils vont revenir la chercher. Cusack la saisit dans ses bras, disant que c'est terminé, qu'il resterait avec. Puis ils s'enlacent, quelques temps. Et la jeune fille se raidit, morte, une seconde fois, dans ses bras.
La fin du film torturera encore le pauvre père, lorsqu'il comprendra que sa fille avait réellement revécue, que ce n'était pas son esprit qui lui jouait un tour, et qu'elle était morte dans ses bras, une seconde fois.
Putain qu'on flippe. Un excellent film que cette Chambre 1408.
Voyez-le. Voyez-le.