Ce film semble bénéficier d’une étonnante sympathie de la part des spectateurs (rares) qui la connaisse.
Non, parce que ce n’est pas une comédie désastreuse, mais franchement ça reste ténu, tant dans l’histoire que dans l’humour, que dans les prestations des acteurs. Ça vivote pas mal, et c’est répétitif.
Le casting n’est pas franchement, sur le papier, le plus alléchant du cinéma populaire français. Jacques Jouanneau est presque totalement tombé dans l’oubli, est force est de constater qu’il n’a pas la truculence comique, ni la présence des grands noms du genre. Il n’est pas mauvais acteur, mais il se fait piquer la vedette a tout bout de champ par des seconds rôles remontés à bloc, notamment un Francis Blanche totalement déjanté, et un Michel Galabru, comme souvent ici en guest, qui impose sa gouaille habituelle. Au milieu de tout cela Henri Genès, et quelques actrices méconnues : Tina Buranzo, qui campe une Italienne évidemment haute en couleur, et Franca Polesello qui se révèle tardivement. Du coup, en dehors d’un Jouanneau timoré les acteurs font le travail, mais malgré tous leurs prestations ici ne sont pas les meilleurs.
Le scénario part d’une idée assez loufoque, avec ce médicament qui permet de prédire des choses, spécialement les numéros de course. Au début c’est assez cocasse, et on imagine plein de possibilités, mais finalement le réalisateur choisit la voie la moins probante. Il enlise son film dans les redondances, et surtout tout ce qui tourne autour de l’Imaginex est assez balourd. Le comique est daté, facile, il n’y a plus d’enjeux véritables et Les Gros malins devient une sorte de grosse farce, pas forcément déplaisante, mais qui a un vrai coup de mou en son milieu. Le film se rattrape sur la fin avec de nouveaux personnages, quelques surprises, mais au final ce métrage m’a semblé avoir choisi la facilité et ne pas avoir voulu prendre un peu de hauteur et offrir autre chose qu’une farce populaire vite tournée et vite distribuée aux spectateurs.
Formellement je n’ai pas grand-chose à dire. C’est plutôt correct niveau décors, avec une fin dans un château par exemple, et dans l’ensemble le film parvient à être tout à fait crédible. La photographie couleur est un peu pâlichonne mais rien de problématique. La réalisation en revanche est assez molle, et peut-être l’efficacité très relative de certains gags, le manque de punch qui les anime (notamment pour la fin qui manque singulièrement de verve et de relief), n’est pas indépendant de cette réalisation terne, signée d’un Raymond Leboursier qui n’aura de toute façon jamais réussi à s’imposer comme metteur en scène. Et en tout cas pas comme un metteur en scène dynamique et vigoureux, ce qui dans le registre comique ne pardonne pas vraiment.
Les Gros malins est donc une comédie dispensable des années 60. Un film assez vieillot, au concept intéressant mais peu développé, Leboursier ne sachant pas réellement comment faire avancer son histoire. C’est vraiment foutraque par moment avec l’interview de l’ambassadeur sud-américain balancée n’importe comment, des raccords parfois inexistants entre deux scènes. Franchement, pour quelques seconds rôles, le concept, et parce que c’est un film pas vilain à regarder .1.5