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    La Vie moderne
    Anecdotes, potins, actus, voire secrets inavouables autour de "La Vie moderne" et de son tournage !

    Vu à Cannes

    La Vie moderne a été préseté au Festival de Cannes en 2008, dans le cadre de la section Un Certain Regard.

    Depardon, son profil de paysan

    A travers ce film, Raymond Depardon rend hommage à un monde rural qu'il connaît bien : "J'ai passé mon enfance dans une ferme et j'ai mis du temps à prendre conscience de cette réalité même si j'ai quitté cette ferme très tôt, à l'âge de 16 ans", se souvient-il. "Comme beaucoup de gens dans les années 60, j'ai un peu fui ce milieu par complexe, quelquefois même par honte. Ensuite, s'est installé tout doucement un phénomène inverse : j'étais fier d'être né dans une ferme. Mais je n'arrivais pas à faire un film sur ce sujet-là. Il a fallu que je fasse un grand détour, le tour du monde en quelque sorte, pour oser filmer les paysans. A défaut de l'avoir fait avec mes parents. A la fin des années 80, j'ai d'abord travaillé pour le magazine Le Pèlerin et ensuite pour le journal Libération sur la disparition des paysans. A cette occasion, j'avais été surpris de voir que ce monde rural, celui de mon enfance, n'avait pas beaucoup bougé finalement. Et je me suis dit qu'il fallait que je poursuive ce travail en le filmant."

    Un projet singulier

    Initialement, Raymond Depardon et Claudine Nougaret avaient envisagé de réaliser un panorama en trois volets, couvrant une période de dix ans, sur le monde paysan, sous le titre générique Profils paysans. Le cinéaste a tourné les deux premiers volets, intitulés l'approche en 2001 et le quotidien en 2005. Destinés au petit écran, ils ont finalement connu une sortie en salle l'un et l'autre. Depardon et Nougaret ont alors décidé que La Vie moderne serait dès le départ un film de cinéma du point de vue de son financement -et sur le plan technique, le film a été tourné en 35mm et non plus en 16. Il ne s'agit donc plus d'un troisième volet. "L'Approche et Le Quotidien nous ont amenés à La Vie moderne. Nous avons mis dix ans à réaliser le film que nous rêvions de faire. Même si les paysans savent très bien qui nous sommes, il nous fallait établir une relation de confiance."

    Les champs du possible

    Alors que beaucoup imaginent un monde rural tourné vers le passé, Raymond Depardon et Claudine Nougaret ont voulu montrer sa modernité (comme l'indique le titre du film, trouvé par Nougaret) : "Sur bien des aspects, notamment écologiques, ils sont en avance sur les gens de la ville. Eux, ils préservent la planète mais on ne le sait pas parce que l'on ne s'intéresse plus à eux... Et sans doute qu'ils tiendront plus longtemps que nous. Ce film est résolument tourné vers l'avenir. Il y a une séquence dont je suis très fier où l'on voit un petit garçon dire qu'il veut faire le métier de son papa. Qu'il ne veut pas aller en ville..." note le réalisateur, qui ajoute : "Je trouve que, finalement, ils sont très proches de nous. Ces gens, qui sont maintenant en minorité, sont extrêmement contemporains. Plus que je ne le pensais. C'est pour cela que La Vie moderne est un film bien ancré dans le présent. Il n'est pas question de nostalgie même si c'est si le souvenir de la ferme du Garet qui m'a donné toute cette énergie pour le faire."

    Ne pas déranger

    Comment filmer des individus dans leur quotidien sans les perturber ? "Il est hors de question de déranger un maquignon qui discute avec un paysan de l'achat d'une génisse. On ne peut pas leur dire : " Stop ! On refait la scène ". C'est impossible, reconnaît le cinéaste, qui explique sa méthode : "nous essayions le plus possible d'être " adoptés ", c'est-à-dire que nous ne forcions personne. Mais, à un moment donné, il faut que nous tournions (...) On peut croire que plus nous resterons avec les gens, sans les filmer, mieux nous les connaîtrons et plus le tournage sera facile. Ce n'est pas vrai. Il ne faut pas jouer la fausse relation avec eux. Nous les respectons trop. Et pour les respecter, il faut un peu de silence et un peu de distance. Parce qu'ils vivent dans une grande solitude et qu'il ne faut pas les déranger. Mais, paradoxalement, ils sont à la fois très méfiants et très ouverts. Comment les filmer sans les déranger ? Je crois que c'est grâce à l'énergie que nous dégageons tous les deux. Au bout d'un moment, ce sont eux qui nous demandaient de revenir."

    Le temps, c'est de l'or

    Claudine Nougaret revient sur le choix de filmer les gens dans la durée : "(...) il faut donner le temps de la parole. Nous ne sommes pas dans des documentaires coups de poings. Nous privilégions aussi bien les temps faibles que les temps forts (...) On ne voulait pas manipuler ce temps-là, afin que les spectateurs puissent y découvrir plein de choses eux-mêmes : une pendule au mur, la toile cirée, ou la cafetière dans un coin de la cuisine."

    Perforations et performance

    Raymond Depardon se réjouit d'avoir pu bénéficier d'une innovation technique sur ce film : "Grâce à Jean-Pierre Beauviala, qui fabrique les caméras Aaton, j'ai pu disposer pour la première fois en France d'un prototype 2 perforations. Des cinéastes-écolos australiens se sont aperçus que l'on pouvait tourner en 35 mm d'une manière plus économique. Jusqu'à présent, il fallait 4 perforations pour faire une image. Ils se sont dit que c'était sans doute possible avec 2 perforations mais il faudrait tourner en panoramique, ce qui permettrait d'utiliser non plus des magasins de 4'20 mais de 8'40. Cette durée m'intéressait pour filmer en direct des situations où je peux parler avec des gens, ou quand ils parlent entre eux."

    Ne pas confondre...

    La Vie moderne est aussi le titre d'un film réalisé en 2000 par Laurence Ferreira Barbosa avec Isabelle Huppert.

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