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Un visiteur
4,0
Publiée le 9 mai 2013
Ma critique ne sera pas la critique de "la vie moderne", mais de toute la trilogie de "profils paysans" car je considère les trois volets comme équivalent au niveau de mon appréciation. Depardon nous offre un portrait tellement sincère, où chaque émotion est véridique et profondément ressentit par l'acteur, notamment cette scène sublime au début du 2ème volet, "Le quotidien", où Raymond ou Marcel Privat, verse ses larmes au milieu d'un champ. Ainsi que la disparition de Louis Brès, si simple, si touchante. Chaque geste, ou visage, mot, bien que peu nombreux, touche à l'essentiel. Toute l’œuvre témoigne d'une grande beauté et bonté. En plus d'un sujet au fond très profond, la forme intervient aussi en ponctuant l’œuvre de long plan fixes ainsi que des plans séquences sublimes avec de belles couleurs naturelles qui illuminent le paysage. Depardon dresse aussi le portrait de cette génération qui disparait, retournant à la terre, à l'image du dernier plan séquence ou Marcel Privat disparaît derrière la colline illuminé du soleil crépusculaire. Bref, une œuvre, sincère, efficace, sobre et par dessus-tout, Belle!
Très beau portrait d'un univers qui disparaît petit à petit; mais, par la beauté de la photographie et par l'humanité de son film, Depardon ne réalise pas un témoignage pessimiste, mais plutôt la capture fine et sensible des derniers instants d'un monde naturel. Si on doit reprendre les mots de Raymond Privat... Depardon n'aime pas son métier; c'est un passionné!
- prenez une caméra et surtout n'oubliez pas votre trépied pour faire de longs plans fixes ; - allez interviewer des gens de la "campagne profonde", de préférence âgés, déprimés et sourds ; - posez leur des questions sans intérêt (exemple : "Il fait beau aujourd'hui?") en veillant à bien laisser une bonne minute de blanc entre les réponses et les questions ; - filmez vos trajets entre chaque interview pendant environ 5 minutes à une vitesse de 10km/h ; - pour le générique de fin privilégiez un diaporama des personnes interviewées en l'accompagnant d'une musique d'enterrement. Cela permet d'insister sur le fait que les gens que vous avez interrogés sont tristes, et pour certains mourants , ou.. déjà morts. - surtout ne pas rajouter trop de musique, cela pourrait donner du rythme au film et réveiller le spectateur profondément endormi ; - enfin, lors du montage, ne coupez rien, gardez tout, surtout les silences...
Et voilà, vous avez votre "vie moderne" à vous! Servir bien long... avec un oreiller de préférence.
En étant toujours aussi touchant, empli de finesse, le parcours de Raymond Depardon à travers ces paysages et aux côtés de ces personnes réussi une troisième fois à émouvoir le spectateur. C'est toujours aussi beau ; tant visuellement que moralement ; et La vie moderne, dans sa trilogie, est en définitive une vraie référence dans ce domaine.
Ah un film avec la campagne au premier plan... Un sujet très bien traîté. Tout est nature comme on l'aime et ce sans trop de chichis ni même de grosses exagérations. Une vraie surprise.
"Pourquoi aller voir ce documentaire sur les paysans? On a les cours de géo pour ça!" Telle était la remarque, que j'approuvais d'ailleurs, qui fusait avant d'aller voir ce film. Pourquoi? Tout simplement car il ne s'agit pas là d'un documentaire lambda, expliquant le déroulement de la journée du paysan type, considéré parfois comme autochtone. Il s'agit d'un documentaire s'introduisant dans leurs vie, ne montrant quasiment aucune séance de "travail", mais uniquement eux.
Le film démarre sur une longue route. Longue, mais pas ennuyante. En effet, la lumière est majestueusement bien orchestrée, c'est un vrai délice pour les yeux. Ces séquences de voyage sont nombreuses, Raymond Depardon a-t-il voulu insister sur le fait que les exploitations étaient très éloignées les unes des autres, toutes un peu dans leur univers.
Et puis les personnages. De très gros plans, des visages fatigués, gênés. Des personnages ne parlant que lorsqu'on les interroge. Si ce n'est pas le cas, ils restent muets, devant la caméra. Et ces vides, laissés au montage, sont étonnement les moments les plus intenses du film. Leur simple expression suffit à les décrire.
Le film possède également quelques moments qui ont fait sourire le public, comme cette dame faisant tomber son biscuit dans son café, et cachant sa panique comme elle peut, ou encore ce jeune homme s'amusant avec son chien et manquant de se faire mordre.
Pour conclure, "La vie moderne" m'a laissé muet d'admiration, et offre un regard différent de l'image des paysans de base, qui fait réflechir sur leur condition actuelle, sur l'avenir de ce métier, tout en restant un véritable tableau visuel formidable!
En sortant de la salle, j'aurais bien mis 4 etoiles à ce film etonnant. Courageux dans la forme, audacieux, beaux personnages… emouvant… J'ai marché dans la combine… puis en reflechissant, et en decortiquant, je m'aperçois que ce n'est que la vision subjective et catastrophiste d'un urbain compassionel (et encore, je suis pas certain du compassionel, plutot "voyeur") qui s'attarde sur les mongoliens et les personnages un peu rustiques et typiques sans nous montrer la vraie vie des agriculteurs de moyenne montagne aujourd'hui… Tout est sombre, c'etait mieux avant, etc… Certe la situation de l'agriculture est dramatique, surtout dans les petits pays, mais ignorer à ce point ceux qui en veulent (il y en a encore), ceux qui font encore bouger ce monde en peril tient du voyeurisme pessimiste (un peu bo bio) de bon aloi pour faire pleurer dans les chaumieres (de gauche) C'est fou, non? Depardon… quand meme…
Ce Depardon, est trop intime avec lui-même pour que je puisse l'apprécier à sa juste valeur ! Il manque quelque clés que seul lui connaît ! Et donc je suis resté sur le palier ! Dommage... Joyce, des canetons à la ferme, ça te dit ?
Pièce maitresse dans la filmographie de Raymond Depardon, "Profils paysans" trouve aujourd'hui un prolongement grave et attachant avec "La Vie Moderne". Depardon revient donc dans les familles qu'il avait rencontrées et filmées il y a presque 10ans, et constate les changements. Avec sa sensibilité toute propre et son immense regard de photographe, il conserve son postulat de l'économie des plans, son utilisation du plan-séquence, et livre des cadrages uniques qui captent l'intensité de ces regards. Ces regards d'hommes et de femmes sympathiques, attachants et émouvants. Le Depardon bavard et enjoué révèle ainsi naturellement des hommes incroyablement fiers et pudiques. Des hommes d'un autre temps, dont on a oublié l'existence. Pourtant, et c'est là l'immense mérite du film, on gagne énormément à les écouter, les observer, à recevoir cette sagesse discrète qui s'échappe parfois juste d'un regard furtif lancé à la caméra. Depardon nous oblige à écouter nos aînés, sans pour autant tomber comme on aurait pu le craindre dans un éloge de cette vie, ni dans une critique de la vie moderne. Tout ce qu'il fait, c'est rencontrer ces gens, discuter, rire avec eux. Et nous mêmes rions avec eux. On les écoute parler, et même s'ils parlent peu on a l'impression d'apprendre. C'est donc plus une conversation qu'un documentaire. Un dialogue qui nous dévoile timidement des vies conscientes de leur agonie, mais toujours fières. Le retour à la réalité, en tant que spectateur, serait difficile si Depardon ne concluait son film (tout comme "Profils paysans") comme il l'a ouvert : un travelling arrière sur les routes accidentées qui nous ont menées à ces gens. Et qui nous font nous demander : que retrouverons-nous la prochaine fois que nous viendrons ? L'exemple parfait d'un film résumé par son plan final.
La Vie moderne (2008) est le troisième et dernier volet de la trilogie “Profils paysans” (bien ce que dernier ne soit pas réellement rattaché aux précédents, puisque les 2 premiers étaient destinés à la télévision (bien qu’ils connaîtront une sortie en salles) et qu’ils avaient été filmés en 16mm).
Avec ce film, c’est l’occasion à la fois, de clore un chapitre ou plutôt, une (très) longue parenthèse (le tournage de la trilogie s’est étalé sur une décennie) et c’est aussi l’occasion de revoir d’anciennes têtes, des agriculteurs vus dans les précédents chapitres. Le film est aussi l’occasion d'assister à une sorte de confrontation, entre l’ancienne et la nouvelle génération (les frères Marcel & Raymond (88 & 83 ans) et dont le neveu a enfin trouvé une femme ou encore la touchante Marcelle Brès qui, dans le précédent volet, avait confié sa ferme à deux jeunes de la région (Nathalie & Jean-François), cette dernière est décédée entre-temps et nous ne la reverrons qu’à travers des extraits du second film).
Les portraits sont toujours aussi attendrissants & émouvants, Raymond Depardon sait toujours faire preuve d’une infinie délicatesse lorsqu’il s’agit de capter ces moments d’échanges, parfois intimes. Il filme aussi (et surtout) la disparition d’un monde, celui du monde rural et ces petites exploitations agricoles qui ne peuvent rivaliser avec les grosses exploitations intensives situées dans les plaines. La France d’hier cède petit à petit la place au monde de demain et avec elle, ces paysans d’un autre temps…
Raymond Depardon, sans doute notre plus grand documentariste, retrouve les agriculteurs du village de Villaret, au cœur des Cévennes. Depuis Georges Rouquier, il s’agit de l’unique expérience de suivi d’une communauté paysanne. Encore que le terme convienne de moins en moins pour l’associer à ces fermiers isolés, qui forment les derniers représentants d’un mode de vie désagrégé depuis l’industrialisation et l’urbanisation. Sur les plans sociologique et économique, le film permet d’apprécier les mutations techniques et humaines qui caractérisent le monde socioprofessionnel du secteur primaire : robotisation, paupérisation, désertification rurale. Au-delà de ces vécus, l’œuvre révèle la poignante humanité d’un cinéaste qui ne traite pas les habitants comme des insectes dans un bocal mais dissèque avec finesse leurs doutes, bonheurs, et colères. Des plans séquences sur ces témoignages sont autant de tranches de vie partagées avec le public. Si certains spectateurs ricanent face au côté taciturne d’un fils de famille, le cinéaste se garde bien de le ridiculiser. Sans doute la séquence la plus forte est-elle celle filmant le chagrin contenu d’un vieil homme ne pouvant plus accompagner son troupeau de moutons paître dans les hauteurs. Depardon arrive ainsi à captiver par un savant dosage entre simplicité et profondeur de point de vue.
La fin d'une époque, le silence, la comtemplation, la beauté des paysages, leur austérité, Les visages expressifs de ces "taiseux" sont parfois bouleversants. La vie de ces "derniers des mohicans" nous émeut" profondément, c'est un peu de la vie de nos grands-parents qui s'en va... Raymond Depardon nous entraîne à mieux comprendre sa démarche
Raymond Depardon à la rencontre de paysans rustiques comme on en fait littéralement plus. Focalisé sur quelques familles d'agriculteurs des Cévennes, "La Vie Moderne" repose sur un dispositif à base de longs plans-séquences laissant les hommes s'exprimer et le spectateur prendre le temps de regarder aussi bien le visage buriné de ces paysans que les paysages isolés qui les abritent. Depardon intervient beaucoup hors-champ, parfois à l'intérieur du cadre, ainsi qu'en voix-off lors des longs travellings sur les routes de montagne. Le film n'a guère d'autre ambition que d'approcher au plus près de ces personnes et de chroniquer la fin d'un monde rural dont elles sont parfaitement conscientes, de l'éleveur de chèvres quasi-nonagénaire à l'enfant de 7-8 ans prêt à succéder à son père. Il y en a forcément qui ne rentreront pas dans le film et qui se réfugieront dans leur parisianisme hautain. Libre à eux, on a le droit de ne pas aimer les campagnards. Mais un minimum d'honnêteté intellectuelle devrait quand même conduire à reconnaître le talent de Depardon.