De Michel Nerval je ne connaissais que Sandy, petite comédie sur le thème de l’ascension d’une starlette, pas déplaisante mais sans grande portée. Ici, il signe une parodie des films de gangsters, en s’entourant d’un casting de joyeux drilles de la comédie française populaire, et si le résultat n’est pas ce que j’ai vu de plus concluant, encore une fois Nerval parvient à offrir un petit divertissement, aussi peu prétentieux que gentillet.
Le casting est le point fort du film. Tous les acteurs s’en donnent à cœur joie dans leurs rôles, parfois hauts en couleur, et spécialement Darry Cowl dont l’abattage est cocasse. On craint le surjeu outré au début, et puis finalement il accroche bien, et le contraste avec Jean Lefebvre est intéressant. Lefebvre qui hérite d’un premier rôle ici, et qu’il mène avec entrain. Il est plus nerveux que de coutume, ce n’est pas pour déplaire. Autour de ce duo vedette, des seconds rôles sympathique, spécialement Robert Castel, très drôle en arabe de pacotille. Dans l’ensemble on sent les interprètes complices, et on sent aussi qu’ils savent ce qu’ils doivent parodier, et leur punch et leur bonhommie permet de rattraper un film au déroulé assez aléatoire.
Car oui, j’ai ressenti ici les mêmes défauts que dans Sandy, avec une narration assez chaotique, pas très fluide, et une tendance à s’éloigner de l’histoire principale avec des sous-intrigues à l’intérêt limité. C’est le cas par exemple des excentricités sexuelles du personnage de Darry Cowl, qui semblent parfois n’être que du remplissage facile. Pas déplaisant néanmoins à suivre ces Borsalini, si l’on passe sur ces lacunes, car il y a des passages assez drôles, et le détournement du cinéma de gangster fonctionne réellement. En plus le film ne se veut pas foncièrement consensuel, et il y a réellement des morts par exemple ! Perso, sans être enthousiasmé par l’ensemble, j’ai trouvé Nerval sincère dans sa démarche, et malgré ses maladresses il n’arnaque pas son public sur la marchandise.
Formellement ça reste limité. Petit budget oblige, c’est assez minimaliste niveau décor (quelques intérieurs peu meublés, des extérieurs rares), la photographie est aussi assez moche. Heureusement, Nerval semble assez inspiré dans les scènes d’action, ce qui nous offre tout de même quelques scènes assez punchie dans le genre. Toutefois, rien de spécialement mémorable, et je retiendrai seulement une bande son gaie et alerte, un peu décalée certes, mais bienvenue.
Les Borsalini n’est rien de plus qu’une comédie populaire parodique qui n’a d’autres prétentions que de divertir. Pour le coup, si Nerval remplit juste le cahier des charges, handicapé encore une fois par son manque certain de sens de la narration, et par des gags très inégaux auquel on doit ajouter un travail formel moyen, le film est tout à fait regardable. 2.5