"Young Yakuza" s'affiche clairement comme deux points de suspension : qu'est-ce qui va suivre? Nous suggère-t-on la réalité ou le mensonge? A vrai dire, on ne sait pas. Comme dernièrement dans l'oeuvre de DePalma, "Redacted", impossible de discerner le vrai du faux. Mais l'attitude de Limosin n'en est pas moins grave parce qu'il ne sert par un discours politique. Sa portée, ici, vise l'humain, ce qui peut tout autant déranger dans la mesure où l'on ne peut saisir les tenants et aboutissants d'un tel discours. Le contrat établi entre Limosin et le chef d'un clan de la pègre niponne est le suivant : le cinéaste ne filme aucune activité criminelle et simplement illégale à condition que le reste de ses images restent 'pures' , non retouchées au montage. Le problème, c'est que "Young Yakuza" ressemble tellement à un film (esthétiquement, narrativement), les personnages - de vrais yakuzas - , semblent tellement être des acteurs affublés d'une veste noire et d'un chewing-gum que le documentaire semble forcer la porte du faux-vrai film. S'installe alors l'étrange sensation d'être trompé sur ce que l'on voit, d'assister à des scènes tournées, retournées, montées et démontées. La légitimité de l'action est donc remise en cause, et cette plongée au coeur de l'enfer, spectaculairement doux, semble rester sur le chemin du milieu, entre la vérité brute et gratuite, et le refus, l'économie agaçante. "Young Yakuza" ennuie donc, passionne parfois tant la musique et son texte colle à merveille aux lumières urbaines dans la nuit, tant Limosin sait mettre en scène son histoire, mais avant tout, impossible d'avoir un regard concrêt sur cette oeuvre baignée dans une étrange atmosphère d'intimité, de religiosité presque, et qui tend à pénétrer les impossibles codes d'honneur et de famille qui trônent autour de ce cercle fermé de la mafia nippone. Même si l'on pourra mille fois réfuter la soi-disante sincérité qui doit honorer la simplicité de ce documentaire, il y a quelquechose d'abstrai