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Eowyn Cwper
121 abonnés
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3,5
Publiée le 10 septembre 2020
Les films russes où les gens apparaissent comme ce qu'on appelle des "humains" en Europe de l'Ouest sont assez rares pour que ça marque. Et j'ai beau remettre en question, comme le font les Slaves, l'empathie en tant qu'outil auto-gratifiant du cinéma de divertissement, elle fait quand même du bien à leur cinéma réputé pour être si froid.
Le froid que Kravtchouk met en scène est le vrai : c'est celui qui s'insinue dans les vêtements du couple italien venu rendre visite à Vanya, l'enfant qu'ils adopteront peut-être. Ils ne font que passer, mais le mal est fait - sauf que ce n'est peut-être pas un mal ni un bien. Dans le milieu d'un orphelinat qui donne une éducation mais prive de soi-même, Vanya devient "l'Italien". Les procédures d'adoption suivent leur cours tandis que lui adopte leur identité comme on étreindrait une bouée.
L'environnement est discrètement choquant : les plus grands orphelins font la loi pendant que les prostituées qu'ils emploient apportent ce qu'elles ont d'amour maternel aux plus jeunes. L'orphelinat nous perturbe à la racine de notre culture pour nous faire dire qu'il est dysfonctionnel et malsain, pourtant rien de ce qu'on nous montre ne le prouve.
Les fonctionnaires font ce qu'ils peuvent, les plus jeunes subissent mais sont aimés et éduqués, les jeunes femmes subsistent et les jeunes hommes ne prennent pas le pouvoir sans prendre aussi les responsabilités. Pour selon que c'est un monde miséreux conditionné par le traumatisme et le malheur où règnent parfois l'abus et la violence, c'est aussi un monde indéniablement optimisé dans la mesure où c'était possible. Un monde injuste, mais sans injustices. Let that sink in.
Kravtchouk réserve une récompense à ceux qui auront le courage de dépasser les instincts dénonciateurs de leur bien-pensance. Cette dernière, le réalisateur sait clairement la titiller, mais il ne nous veut pas de mal avec ce talent. Il veut juste nous faire apprécier l'ascension de Vanya, la prise de conscience de sa condition d'orphelin, et nous faire goûter à fond la force de la première conviction connue par cet enfant de 6 ans joué par un acteur prodige. Au moment de sa fugue, on ne ressent pas que la fuite de l'orphelinat et la fatalité de l'adoption : on sent l'arrachement aux habitudes que coûte la poursuite d'une mère, d'une vraie mère. Car Vanya s'est convaincu que sa mère ne l'a pas abandonné et veut la retrouver.
Tout le film consiste à mettre à l'épreuve cette certitude enfantine. Elle subit le matérialisme des adultes mais traverse les embûches administratives et égotistes qu'ils sèment grâce au pouvoir (très similaire à une sorte d'énergie du désespoir) issu de l'imagination de l'enfant. Sans manichéisme, Kravtchouk arrive à faire de la voix d'une mère, et seulement de sa voix, l'accomplissement cathartique d'une aventure humaine et d'un film pas du tout fabriqué pour décrocher des prix, quoiqu'il les mérite.
Ce film aurait pu aller beaucoup plus loin, mais il est resté dans le superficiel. Cependant, il demeure intéressant, le jeune acteur étant très attachant. De temps en temps il tombe dans le mélodrame, mais se rattrape vite en devenant touchant et révoltant dans ses faits!
film émouvant par son histoire et passionnant par son aspect documentaire. Comme le dit un personnage "un pays qui vend ses enfants va bien mal...". Ce qu'on voit de l'état actuel de délabrement moral et matériel de la Russie est assez effarrant. Un "orphelin" vaut 5000 euros! A part ça, du bon cinéma, sans chichis, traditionnel. Les acteurs sont bons, en particuliers les gosses. A voir absolument.
L’Italien se révèle être une œuvre remarquable : en effet le jeune Kolia Spiridonov est très touchant et joue juste pour que l’on s’attache énormément à lui dès les premières minutes. De plus, la bande son très original est une réussite à mon goût. Le scénario est quant à lui relativement réduit mais suffit à nous faire découvrir un pays plein de misère et de désespoir. Malheureusement, c’est un film qui semble chercher quelque peu son public et c’est bien dommage. Pas vraiment pour les enfants (violence, misère ... explicitement montrées au spectateur) et parfois les touches d’humour sont « lourdes » sans parler d’une jolie fin très utopique. A voir tout de même et à savourer.
Pas de quoi fouetter un chat avec cette production quelque peu lénifiante (baillement).. Passz votre chemin , à mooins d'être fan (ou curieux) du cinema russe...
Déjà à l'affiche ça colle pas ! Ce petit blond n'est pas un Italien c'est évident ! Kravchuk dépeint une réalité sordide mais avec une poesie à découvrir. Toute l'inquiétude de ces enfants qui ont "tiré" le mauvais numéro, face à ces adultes tout prêts à faire leur bonheur, coûte que coûte ! Un film qui dérange, l'ex URSS sort des clichés habituels, à notre porte on les accueille avec not'bon coeur...
Une histoire simple. Dans un orphelinat dune ville provinciale russe, un couple ditaliens vient pour adopter un enfant. Ce dernier se met alors en tête de retrouver sa vraie mère. Lhistoire va nous conter les semaines qui séparent ladoption du départ prévu avec entre, un retour à lorigine, à la création. Lenfant (qui doit avoir 6/7 ans) a une jolie bouille blonde et un caractère forgé vers un but unique malgré ce quil devra surmonter dans cet orphelinat. Pourquoi ce questionnement devant une libération de conditions de vie difficile qui ne peut mener que vers la débrouille, la délinquance, la prison ? Peut-être parce qu'il est orphelin.
Ni initiation, ni conte de fées mais lhistoire dun enfant qui veut savoir. Dans lorphelinat, cest une solidarité imposée pour survivre avec une bande et sa hiérarchie, mais sans profit pour quiconque, si ce nest de se recréer un semblant de famille. Les plus petits nettoient les voitures, les autres travaillent, les jeunes filles tapinent pour se retrouver devant une gamelle de pommes de terre le soir. Cela na rien de misérabiliste, ni de complaisant.
Le film peut se voir en deux parties, la décision de vouloir connaître la vérité et lescapade plus que la fuite. Deux mentalités différentes aussi avec ces directeurs dorphelinats : lun alcoolique est dans la combine de ladoption et lautre qui la refuse, malgré largent proposé. Ce dernier aura une phrase qui résume, une partie de la situation en Russie : « lorsque quun pays accepte de vendre ses enfants, cest que le pays va mal ». Tout est dit ou presque. Car il énoncera aussi, quil a une vingtaine de nouveaux-nés dans son établissement.
Le cinéma russe est vivant, Andréï Kratchouk nous le prouve avec un film qui a du souffle et du cur.
Un pays qui vend ses enfants mais qui fait encore de beaux films comme celui-ci sur ce sujet n'est peut-être pas complétement perdu. Le visage de cet enfant est un paysage à lui tout seul sur lequel on peut lire détermination et innocence en même temps. Touchant.
Un très beau film, dont on sort avec la pêche grâce à l'impression d'avoir vu une humanité telle qu'on aimerait qu'elle soit. Tout est très juste et pudique, les jeunes acteurs d'un naturel admirable. De l'humour et un scénario qui entraîne le spectateur, et le dépaysement à travers les quatre saisons au fin fond de la Russie profonde vaut un vrai voyage !