J'ai voulu faire un parallèle entre Sacha et Hazanavicius, entre Desny et Dujardin : deux visions d'OSS 117. Dans mes souvenirs les romans de Jean Bruce sont plutôt simplets. Cela tourne autour d'Hubert Bonisseur de la Bath, agent spécial américain d'origine française qui boit beaucoup de whisky et à qui rien ne résiste. Les intrigues ne sont pas très élaborées. Dujardin en OSS est une sorte de Rantanplan qui se sort miraculeusement des situations le plus tordues. Hazanavicius donne beaucoup de rythme, multiplie les scènes cocasses, soigne les répliques déjantées. Rien de tout cela avec Sacha et Desny. Sacha pourtant a fait en 1953 "Cet homme est dangereux" d'après Peter Cheyney avec Eddie Constantine dans le rôle de Lemmy Caution, un peu le prototype de l'agent secret à la Dujardin. C'est probablement le meilleur Eddie Constantine de la série. Ici avec Desny ça ne rigole pas. Le whisky reste dans la bouteille de Johnny Walker. L'ambiance est noire, au propre comme au figuré. Les bagarres sont brèves, les morts ne souffrent pas trop. Le fond de l'histoire, des documents vendus à une puissance ennemie, n'a pas trop d'importance. Ce qui compte ce sont les relations, complexes, entre de nombreux personnages. Le cadre m'a semblé se situer autour d'une villa de la Côte d'Azur, sans jolies images en couleur malheureusement. Ivan Desny, acteur d'origine russe, que j'avais déjà vu dans des rôles secondaires, est parfait de distinction, d'humour, de bonne diction, de bonne gestuelle. Magali Noël, qui n'a pas la trentaine, a un physique d'époque, 1957. Autrement dit ce n'est pas une gamine efflanquée et famélique, mais une belle plante, qui finit subtilement par se rapprocher de son OSS 117. Ce n'est pas un grand film, cela manque de rythme, le scénario manque d'étoffe, mais on est agréablement surpris par le jeu des acteurs. Desny-Sacha c'est l'anti Dujardin-Hazanavicius dans l'interprétation d'OSS 117.