Marc Caro n'avait pas montré le bout de son nez au cinéma depuis 13 ans, depuis les cultes Delicatessen et La Cité des Enfants Perdus, tournés avec son ami Jean-Pierre Jeunet. Et c'est aujourd'hui qu'il nous est revenu avec un film de science-fiction hors normes, aux allures très Christiques.
Tout d'abord, le bonhomme semble n'avoir rien perdu de sa verve cinématographique, et filme avec brio et style son sombre univers d'enfermement, de folie et de solitude, refuges omniprésents lorsque l'on est coincé au fin-fond de l'espace dans une prison spatiale, avec de dangereux malades mentaux, des scientifiques inquiétants, et un nouveau détenu mysterieux. Ce détenu, on l'appelle Saint Georges (magistralement incarné par Lambert Wilson) et semble s'apparenter à Jesus Christ lui-même, le sauveur, et c'est ce que l'on va découvrir tout au long du film (jusqu'a un final d'une beauté et d'une pression incroyable, preuve même de la métaphore religieuse du film) en même temps que ses "camarades", d'abord hostiles, et qui vont finir par le respecter après de nombreux miracles... Il est le Messie, et il les a convertis.
Doté d'une excellente interpretation (on retrouve le toujours aussi génial Dominique Pinon, et un Lotfi Yahya-Jedidi surprenant, ressemblant étrangement à un autre acteur culte de l'univers de Caro et Jeunet, le regrétté Daniel Emilfork) et d'une ambiance "Bilalesque" surprenante, le film ne fait pourtant pas l'impasse sur quelques moments malheureusement ennuyeux, mais d'un côté le scenario, bien que très interessant en lui-même, aurait mérité un plus long traitement, notamment vers la fin, trôp précipité. Les deux facteurs empêchent alors au film d'aller au bout de ses promesses.
Retenons alors un univers visuel riche et hypnotisant, qui annonce peut-être enfin le grand retour d'un metteur en scène illuminé qui semble ne pas vieillir... Alleluia.