Le miel du Diable n’est pas le meilleur Fulci, mais ma foi il se regarde avec un certain plaisir pour les amateurs de cinéma de série B un peu déviant, dans un style qui n’est pas sans rappeler les quelques bons d’Amato (notamment Washing Machine).
Ici l’interprétation est très correcte. C’est à noter chez Fulci, car ce n’est pas si courant que cela. Coté féminin on trouve Blanca Marsillach et Corinne Cléry surtout. La seconde surtout à un rôle qu’elle porte avec talent et conviction. Elle apporte plus de finesse que prévu à son personnage. Coté masculin, après la première partie surtout mené par un Stefano Madia très solide dans son rôle pervers, c’est Brett Halsey qui s’y colle, lequel livre une prestation plus fade qu’attendu. Pour autant son personnage n’est pas des plus simples à aborder, et il ne s’en tire pas si mal que cela au bout du compte.
Le scénario n’est pas des plus originaux, quelques films ont déjà abordé ce type d’histoire, et parfois en mieux. Pour autant Fulci s’en sort bien. Il développe ses personnages, offrant d’ailleurs une partie exposition qui n’est pas désagréable. Ensuite il ne reste pas timoré, offrant des scènes érotiques, et des scènes poisseuses bien dans le style italien et qui sont clairement au-dessus de ce que l’on peut voir maintenant dans le cinéma de genre. Enfin, même si le rythme global est lent, le métrage a le mérite d’être court, et d’être fluide, avançant sans accros jusqu’à une conclusion finalement bien trouvée.
Visuellement Le miel du Diable est assez propre. La mise en scène de Fulci ne manque pas de qualité. Il y a un coté un peu statique qui pourra rebuter, notamment dans les scènes érotiques, dans lesquelles il y a indéniablement un sentiment d’archaïsme qui se dégage (style vieux films érotiques des années 80). Pour autant il y a un style, une patte qui se dégage du métrage, et que l’on aime ou que l’on n’aime pas, il y a une personnalité. La photographie est soignée, élégante, voir même raffinée par moment, ce qui donne au métrage une allure assez classieuse. Les décors en revanche sont un peu légers, surtout dans la seconde partie. Pour ce qui est du reste, l’érotisme est donc en effet bien présent. Quelques scènes marquantes (au début notamment), un style qui rappellera fortement Tinto Brass, et qui ne laissera surement pas indifférent (en bien ou en mal, c’est selon). Quant aux tortures attention, il ne faut pas s’attendre à un torture-porn ! Enfin, très bonne bande son, qui alterne cuivres et musique planante typique des années 80, pour un résultat qui vaut le coup, et qui installe une très belle ambiance.
Le miel du Diable est au bout du compte un film très honorable, qui s’en tire globalement bien. Il dégage un réel sentiment de tristesse, de morosité, et tout le coté érotico-poisseux renforce bien ce ressenti. Porté par un scénario pas mal, aidé par une interprétation meilleure que la moyenne des Fulci, il est techniquement suffisamment réussi pour proposer un spectacle agréable.