Murderock n’est clairement pas le film de Fulci le plus connu. Certes ce n’est pas un grand film, maintenant comme souvent chez le réalisateur, il n’y a pas de vrais mauvais films, et celui-ci ne fait pas exception.
Au niveau du casting il y a deux types d’acteurs. Ceux qui se distinguent par une certaine qualité d’interprétation, à l’image d’Olga Karlatos, qui offre une prestation très honorable. Il faut avouer aussi qu’elle a la possibilité de pouvoir s’exprimer, ayant une place importante dans le film, à la différence de pas mal d’autres acteurs qui sont limités au minimum. Cosimo Cinieri pour sa part ne fait pas d’éclat, avec une prestation pépère, mais il a une certaine personnalité qui rend bien à l’écran. La seconde catégorie d’acteurs ce sont ceux qui ne jouent pas bien, ou pas suffisamment en tout cas. Ca touche une part importante du casting masculin, avec des personnages sans relief joué par des acteurs interchangeables, et une grosse part du casting féminin (fortement concentré aux victimes). Dans l’ensemble Murderock ne laisse quand même pas des souvenirs impérissables de ce point de vue.
Le scénario est assez classique, mais à la limite ce ne serait pas un problème, sans le sentiment d’un métrage qui se traine. Murderock a une histoire en effet pas désagréable, qui ne surprend pas outre mesure, mais est plaisante à suivre. Le souci c’est que le film parait très long, avec des passages peu utiles, qui s’étendent outre mesure. C’est assez regrettable, car à coté de cela le métrage offre quelques moments très prenants et très intenses, dont un premier meurtre très réussi par exemple. Alors bon n’exagérons rien non plus, le film n’est pas archi-mou, et on est relativement bien dans du Fulci, lequel n’est pas réputé pour la nervosité de ses métrages, mais une petite coupe de dix minutes par exemple aurait déjà suffit à mieux faire passer la sauce.
Visuellement le réalisateur est inégal. De bons passages là encore, tant dans les meurtres que dans les scènes dansées d’ailleurs (bel hommage à Flashdance), mais à coté de cela des moments plan-plan, entre autre le final. Raté sa sortie c’est toujours un peu préjudiciable. La photographie réserve des choses intéressantes, notamment dans le travail sur les éclairages, même si avec un film de ce genre, il aurait été appréciable de proposer un contraste plus accentué entre les ambiances flashys et l’atmosphère glaciale des douches, des rues, des loges. Décor en deçà des attentes, avec une école de danse qui n’a pas d’âme (pas besoin de chercher celle de Suspiria ici !), et peu de choses concluantes. On peine même parfois à retrouver l’âme des eighties. Le meilleur reste les douches ! Niveau effets horrifiques Murderock n’offre rien de ce point de vue. Un passage un peu cruel au début à l’occasion du premier meurtre (qui reste nettement le meilleur), pour le reste c’est ultra-soft, avec un soupçon de nudité, mais sans plus. Quant à la bande son c’est clair qu’elle va diviser pas mal de monde. Franchement, avec Emerson je m’attendais à quelque chose de mieux, étant un grand fan de son travail sur Inferno. Ici il maitrise visiblement moins le genre musical, et le résultat n’est pas totalement concluant. Bon, il y a pire, et il offre tout de même des passages réussis, mais c’est les montagnes russes, et il y a des moments assez indignes de son talent.
En clair, Murderock est le film inégal par excellence. Il alterne de bonnes choses avec de mauvaises, et ne parvient pas, comme ce fut le cas d’autres Fulci, à tout synthétiser pour faire un grand film. Regardable, car porté par quelques qualités indéniables, doté de passages qui peuvent s’apparenter à du grand Fulci, il s’adresse quand même aux vrais amateurs de films de genre italien des années 80, car pour les autres Murderock risque d’être peu concluant.