Tout est pardonné a été présenté à la Quinzaine des Réalisateurs à Cannes en 2007.
Comme l'explique la cinéaste, le titre Tout est pardonné désigne "à la fois le travail du temps ("Tout passe"), révoltant mais irrésistible, et la volonté parallèle de tourner la page, qui n'est pas l'oubli, ici, mais une affirmation de liberté."
Le début du film se déroule à Vienne. La réalisatrice explique ce choix : "Je voulais que le film commence ailleurs qu'à Paris où je vis. J'en avais besoin, du point de vue du lieu comme de la langue, pour me sentir libre, être dans la fiction. Par ailleurs, je suis attachée à Vienne, j'y ai des racines. Commencer mon premier film là-bas avait donc une valeur symbolique. Et puis c'est une ville aérée, qui a pour moi beaucoup de charme (certains Autrichiens ne seraient pas d'accord). J'y trouvais une atmosphère qui correspondait à la première partie du film."
Filmer des enfants représentait un challenge de taille pour la réalisatrice, qui ne savait alors pas comment elle allait s'y prendre. "Finalement, je me suis sentie à l'aise avec eux, et ils étaient, de leur côté, plutôt détendus, confie-t-elle... Je ne les intimidais pas. Il faut dire que l'équipe, très légère et composée d'une majorité de jeunes débutants comme moi, ne faisait pas très peur non plus ! Quant à moi, j'ai toujours essayé d'intervenir le moins possible, de me faire oublier. Je crois que ce travail a été bénéfique, même si les enfants sont au second plan. En tout cas, leur présence est plus marquante dans le film qu'elle ne l'était dans le scénario."
C'est dans la rue que Mia Hansen-Love et la directrice de casting Elsa Pharaon ont découvert Constance Rousseau. "Elsa lui a parlé du film et l'a convaincue de venir nous voir, raconte la réalisatrice. Constance, très timide, hésitait... Finalement elle est venue, non sans craintes ! Il m'est difficile de dire combien elle nous a touchées. Elle était si douce, si secrète. Elle avait l'air un peu mélancolique, à côté de son époque. Constance est dans la vie comme dans le film, sensible et intérieure. Elle est singulière. Et puis, elle ne semble pas avoir conscience de tout cela. Elle était évidente pour le rôle. C'est seulement quelques mois plus tard qu'elle m'a conduite à Victoire, sa petite soeur (Pamela enfant), ainsi qu'à Eléonore, sa deuxième soeur (on l'appelait " le modèle intermédiaire "), qui joue Alix, l'enfant, dans la dernière scène du film."
"Ce qui décline aujourd'hui, fatigué,
Se lèvera demain dans une renaissance.
Bien des choses restent perdues dans la nuit
Prends garde, reste alerte et plein d'entrain !"
C'est par ce poème de Joseph Von Eichendorff que se termine le film. "Je suis tombée sur ce poème quand je terminais le scénario et j'ai eu l'impression qu'il me dévoilait le sens de mes propres efforts, raconte la réalisatrice. Ces quatre vers disent quelque chose d'essentiel pour moi. Leur présence à la fin du film n'est pas anecdotique. C'est le testament de Victor. C'est peu et ça ne tient pas lieu de consolation ni de conclusion, ou bien une conclusion fragile, éphémère. Mais ce n'est pas rien. Car à ce moment du film, ces mots donnent à Pamela "plus qu'une consolation, et plus qu'une philosophie : c'est-à-dire une raison de vivre"."
La réalisatrice Mia Hansen-Love a dédié son film à Humbert Balsan, son producteur originel, mort en février 2005. "Il m'avait contactée, après avoir vu dans le petit festival d'une université un court-métrage que j'avais réalisé, explique-t-elle. Il m'avait fait venir dans son bureau, un matin tôt, nous avions longuement parlé de cinéma. Il avait lu mon scénario juste après, et il m'avait rappelé aussitôt. Deux jours plus tard, il était mon producteur... Cette rencontre a été décisive pour moi, et pas seulement sur le plan du film. La confiance que m'a accordée Humbert Balsan et son enthousiasme m'ont donné un très grand élan qui me porte encore aujourd'hui."