Pour son premier film (et oui,encore un!),Mia Hansen-Love,ancienne critique aux cahiers du cinéma,signe là l'oeuvre de la maturité.Vu la réussite de ce début,la jeune cinéaste peut déjà prétendre à une carrière des plus enviées dans le cinéma d'auteur français.Sur un ton extrêmement littéraire,"Tout est pardonné" dépeint une famille,de la crise du couple aux retrouvailles paternelles après 11 ans d'absence,et décrit par petites touches suggestives chacun des personnages.Le père drogué,violent et instable,qui voit son amour adultère s'effondrer devant lui suite à une overdose (début du renouvellement,puisque cette mort résonne ensuite au renoncement à la drogue),la mère fragile,mûre et incertaine de l'amour qu'on lui porte,et enfin,la petite fille qui grandit (vers la moitié du film),jeune ado mature et dans une position familiale saine,jusqu'à la réapparition du vrai père,isolé et rêveur de revoir sa fille que 11 années interminables ont séparés."Tout est pardonné" est en fait un film en plusieurs actes précis sur l'éclatement et la reconstruction d'une famille;partant du principe que la famille en soi n'appartient à aucune donnée logique dans ses rapports,qu'elle n'a pas de moteur principal (ce qui tout à fait vrai),la cinéaste brosse alors un portrait pluriel dont on pourra largement critiquer le processus scénaristique,trop vaste.Mais en même temps,cette déchirante histoire d'amour tient la route jusqu'au bout,parce que la réalistrice persiste dans la vérité de l'imprévisibilité des rapports.C'est ce qui fait toute la crédibilité de ce long poème du coeur,filmé avec un lyrisme épatant (le dosage des lumières,sublime!),amenant l'économie des notes et des mots vers une sensation de translucidité vertigineuse.Trenscendant avec brio la banalité du thème grâce à un jeu d'acteurs au cordeau et une mise en scène d'une beauté quasi-abstraite,Mia Hansen-Love parvient à dégager l'atmosphère rêvée,à exalter des sentiments graves et redoutés,à remplir avec le souffle léger d