On ne parvient même pas à savoir comment cela est possible, mais il y a encore des comédies romantiques qui, malgré mille clichés et mille mise en place, mise en scène et développement semblables, arrivent à émouvoir. On a presque envie, pour caricaturer, de sortir de la salle en criant << C'est génial! >> . Alors qu'en fait non, car tout cela n'a rien d'innovant, toutes les idées sont prémâchées, et il n'y a pas une âme singulière, une quelconque révolution ou une patte de metteur en scène, des choix ou autres tentatives, aussi peu risquées soient-elles. "Coup de foudre à Rhode Island", comme toute romance américaine de base qui se respecte, tient sur deux choses, et autour des fragments se brodent : le personnage principal, souvent détruit par la fatalité (ici la perte d'une femme), et le décor (ici bord de mer, petit châlet convivial), d'où ressortira forcément un maximum de valeurs traditionnelles, voire même un patriotisme un brin pervers. Alors on agence comme on peut les péripéties, souvent plates, soutenues par de joyeuses guitares qui symbolisent, suivant si le personnage pleure, que le bonheur va arriver, suivant s'il sourit, qu'un malheur va se produire. "Coup de foudre à Rhode Island" souffre logiquement de sa prévisibilité. Pourtant, grâce au savoir-faire du metteur en scène, à la discrétion totale qu'il imprime à sa caméra, quasi-invisible, mais aussi grâce à l'immense charme de ses deux acteurs (Steve Carell est pour tout dire bouleversant), le film marche comme s'il faisait preuve d'une maîtrise du rire et de l'émotion tout simplement extraordinaire. Pourtant, si l'on décroche de cette magie de cinéma, souvent surfaite (avec l'ado rebelle qui, à 14 ans, s'implique comme une adulte), on se rend rapidement compte que la romance est pour la énième fois un petit goûter divertissant et primaire, d'une banalité affligeante, et d'une affreuse niaiserie psychologique. Mais, le temps du film, tout marche à merveille, et tout est adorable. Ce qui montre bien l