Nadir Mokneche est le chouchou de Boboland. Ah, ces algériennes libérées, loin des barbus et des enfoulardées... Moi, le le dis, clairement, cela me gêne. J'aimerais aussi qu'on nous montre des algériennes de tous les jours, celles qui se battent pour résister à l'islamiste en allant travailler tête nue, qui peuvent boire une bière ou un verre de vin mais se sentiraient humiliées dans leur dignité de femme algérienne en se traînant ivre-mortes dans la nuit de la ville. La corruption, nos amis algériens sont les premiers à la dénoncer. Cet ancien ministre des droits de l'homme qui distribue des adjudications de biens publics -les thermes de Caracalla à Tipaza!- à coup d'énormes dessous de table (qui est prêt à payer un gigolo à son épouse, caricaturée à l’excès), sans doute a-t-il été inspiré par "des personnages existants". M'enfin.... N'oublions pas que l'héroïne -l'excellente Biyouna- cette héroïne qui se pense représentative du monde nouveau, se décrit comme une bienfaitrice de l'humanité, parfaite rombière bourgeoise en bijoux faux-Chanel trottinant sur ses stilletos, est une véritable crapule. Qu'elle soit mère maquerelle -bon! Mais qu'elle profite du désarroi d'une jeune vierge pour la lancer dans un monde très interlope en vue de lui faire faire une carrière dans l'entôlage, ce n'est pas joli, joli... Sans parler des dénonciations calomnieuses pour couler un luxueux salon de thé au profit d'un sinistre boui-boui... L'histoire est morale (ou presque). Le ministre la lâche pour l'achat des Thermes, son âme damnée, la jolie Shaharazed, épouse un barbu et fait des bébés, et la seule chose que Madame Aldjeria ait jamais aimé, à part l'argent, son fils, son beau métis italien, disparaît en mer en voulant fuir le monstre: on est bien dans la tragédie. Le film est divertissant: on aimerait simplement que Nadir Mokneche sorte du glauque et nous parle des "vrais gens", des vraies femmes et de leurs vrais problèmes.