Mon Dieu, que c'est mauvais. Encore une fois, excluez d'emblée le puritanisme, ou ce genre de stupidités, à la liste des causes possibles de la note minimale que j'accorde à Destricted. Simplement, il existe à mon sens, même si c'est légèrement caricaturer, deux grandes manières d'apprécier le sexe, ou plutôt deux tendances fortes qui forment les deux extrémités d'un spectre plutôt large. D'un côté, la sexualité passée à la moulinette de la culture et des bienséances, qui devient la réalisation pleine, poétique et fusionnelle d'un véritable amour. De l'autre, une vision anti-spirituelle qui regarde la sexualité comme un penchant organique trivial, sinon bestial. Certes, d'innombrables nuances existent entre ces deux extrêmes mais pour un tel projet, il était inévitable qu'on choisisse globalement une vision radicale. Dès lors, l'une comme l'autre sont forcément limitées, comme à mes yeux tout ce qui ne comporte pas assez de largesse d'esprit. Ici, avec un projet si évidemment arty, il était inévitable qu'on opte pour la version crasseuse à l'opposé du maquillage sociétal habituel qui prête au sexe des lettres de noblesse, à tout le moins des apparences convenables. Le problème, c'est que dès lors, il n'y a pas grand chose à dire, à part poser un constat difficile à étendre ou à enrichir par la suite. Cinq des sept court-métrages choisissent en fait une approche volontairement inconfortable, pour les yeux comme pour la pensée. Ceux-là, même We fuck alone, le court épileptique de Gaspard Noé, se limitent à une idée, parfois assez pauvre, qui ne s'étoffe jamais par la suite. Parfois, pendant parfois une dizaine de minutes, on se coltine alors la répétition d'images crues et sans apport sémantique, le réalisateur se cachant à chaque fois derrière le label "artistique" du projet. Pour au final, ne rien dire du tout. Deux segments diffèrent cependant, en premier lieu celui de Larry Clark, documentaire centré sur les effets de la consommation de porno sur le rapport au sexe des jeunes générations. Le constat, excusez-moi, n'a rien de très original. Enfin, Balkan Erotic Epic prétend lier sexe et tradition, dans un mélange hasardeux entre culture (donc traits humains) et animalité, mais sans aucune inspiration visuelle. A l'instar de tout le reste d'ailleurs, qui ne sait rien inspirer au-delà de quelques évidences prosaïques et d'un malaise général. L'idée n'est pourtant pas à jeter, mais sa réalisation est purement inutile.