Drôle de premier long-métrage, situé entre du Lynch bien structuré et du Bruno Dumont très docile. Atmosphère sourde et envahissante, respirations de la Nature, nuits déchirées qui crient au secours... de cette part animale, on retiendra le travail d'ambiance à partir du matériau principal, appuyant et forçant les traits de l'irrationalité pour qu'en émane une instabilité vertigineuse, tantôt fascinante, tantôt énervante. Mais, on constate réellement la précision des sensations envoyées comme plusieurs décharges, que la mise en scène millimitrée fait passer subtilement. Toutefois, de l'esthétique bleuâtre et raffinée (rapports clairs-obscurs somptueux) qui constitue le puits de cette atmosphère insoutenable, on reprochera une certaine staticité. A trop vouloir rester sur une même longueur, le film perd en lucidité, en surprise, et la façon ordonnée dont chaque scène se déroule et veut se montrer dans le réçit - par ailleurs souvent confus - l'empêche d'éclore et d'atteindre une réelle profondeur. Le sujet, au début intéressant, finit donc par enfoncer inévitablement ses personnages dans l'hystérie collective, et le film dans un capharnaüm maladroit et mal tenu. Le désir bestial de l'homme, montré en tant que bête, l'animalité dont il fait preuve dans ses rapports et la métamorphose conséquente plus ou moins fondée n'aboutisse au final à rien, seulement à un délire imaginaire que le réalisateur peine à canaliser. Sa réalisation aux allures très 'artistiques' sonne donc faux et relève non pas de la sobriété désirée, mais d'un handicap emprisonnant irrémédiablement la narration. Même s'il est vrai que le malaise mis en scène parvient à nous atteindre plus d'une fois, et que quelques splendeurs dans les dialogues rayonnent par moment, cette histoire glauque laisse tout de même un goût d'inachevé. Certaines techniques de cadre sont irréprochables, mais c'est cette précision langoureuse de chaque scène, de chaque décor, de chaque détail esthétique qui plonge le film dans